De nos jours, nous sommes tous confrontés à une forme d’opposition sournoise, à ce qu’on pourrait appeler le totalitarisme soft. Ce phénomène incite à l'autocensure sans recourir à la violence.
Définition du totalitarisme soft
Le totalitarisme soft intimide les individus, les poussant à s’autocensurer. Le totalitarisme soft ne contraint pas à se taire par la force. Il crée un environnement culturel intimidant où parler à contre-courant devient risqué, où se censurer semble être le choix le plus sûr.
Dans son article « Comment l’Église peut-elle tenir ferme face au totalitarisme soft? », Raphaël Charrier aborde comment l'Église peut résister au totalitarisme soft, un phénomène qui incite à l'autocensure sans recourir à la violence. Sur ce blog, j’en publie quelques bons mots.
Dans son article « Comment l’Église peut-elle tenir ferme face au totalitarisme soft? », Raphaël Charrier aborde comment l'Église peut résister au totalitarisme soft, un phénomène qui incite à l'autocensure sans recourir à la violence. https://t.co/NtlRnFuorw pic.twitter.com/LaG0QTFOS2
— résister (@jpwaec) February 28, 2025
Raphaël Charrier souligne l'importance d'une réflexion théologique sur cette pression sociale et propose une éthique chrétienne de résistance.
1. Les tentations de l'Église :
Charrier identifie trois principales tentations :
a) La compromission politique
L'Église est tentée de s'aligner sur des mouvements politiques, croyant qu'un changement conservateur peut inverser le déclin culturel. Cependant, il rappelle que le salut vient uniquement de Jésus, et non des idéologies politiques.
Ne pas se compromettre, c’est essentiel
Nombreux sont les chrétiens séduits par le retour quasi messianique de Trump ou, plus largement, par l'idée d'un conservatisme politique qui freinerait le déclin culturel….
Même si certains discours politiques rejoignent nos préoccupations éthiques, ils sont loin d'être alignés avec l'Évangile dans leur ensemble...
Le salut du monde ne vient ni de la droite ni de la gauche. Il vient de Jésus seul. L’Église ne peut pas sauver le monde, mais témoigner du sauveur du monde...
Les idéologies du monde se rapprochent de nos aspirations légitimes, mais risquent de nous entraîner dans des combats qui nous éloignent de notre vocation: être sel et lumière du monde...
Veillons donc à ne pas accoler quoi que ce soit qui vienne du monde au nom de Jésus. Ne compromettons pas notre identité céleste.
b) La caricature des adversaires
Au lieu de comprendre les motivations derrière les discours comme le wokisme, qui vise à dénoncer des injustices, l'Église doit éviter de tourner en dérision ses adversaires et répondre avec sagesse.
Ne pas caricaturer, c’est juste
Dieu accorde sa grâce commune à tous les hommes. Tout discours culturel peut donc contenir un éclat de la vérité. Nous devons donc chercher à déceler les intentions sincères qui se cachent derrière les discours qui entourent les manifestations du totalitarisme et résister à la tentation de tourner en ridicule le discours des autres.
Nous devons démontrer la sagesse d'en haut. Bénissons ceux qui nous maudissent en apportant des réponses qui n’utilisent pas les sophismes de nos détracteurs.
c) L’abandon du témoignage
Face à l'adversité, certains peuvent se retirer, mais l'Église doit continuer à briller dans le monde et témoigner de la vérité de l'Évangile.
Ne pas renoncer au combat
Pourquoi s’exposer au rejet et aux moqueries? À cause de Jésus-Christ!
L’Église est son corps et c’est à travers elle, vivifiée par l’Esprit, qu’il poursuit sa mission. Nous sommes faits pour briller, pas pour nous cacher.
2. Comment résister à l'autocensure ?
Charrier propose plusieurs approches :
a) Une éthique de résistance
Les chrétiens doivent respecter les autorités, mais résister lorsque celles-ci demandent de pécher. Ils doivent être prêts à souffrir pour leur foi.
La résistance culturelle des chrétiens
Lorsque l'autorité exige de pécher ou outrepasse ses prérogatives, la résistance devient un devoir.
Nous sommes en résistance culturelle. Pourquoi? Parce que nous devons refuser de nous conformer au monde présent. Nous devons apporter un contre-discours au narratif progressiste et manifester une manière de vivre radicalement différente de celle du monde.
La résistance culturelle des chrétiens est une réponse à l’appel de Christ à ne pas craindre la persécution. C’est résister à la tentation de participer au mensonge pour se protéger.
b) Une éthique du courage
Le silence face aux injustices est une abdication spirituelle. Dire la vérité, même si cela entraîne des conséquences, est essentiel.
La résistance chrétienne requiert du courage
Le manque de courage se manifeste à chaque fois que la vérité est sacrifiée sur l’autel de la conformité sociale et de la peur du rejet. Si le monde nous dit: “Vous n’avez pas le droit de croire cela.” Nous devons répondre: “Nous ne pouvons pas ne pas dire la vérité.”...
Nous refusons de nous soumettre aux mensonges de ceux qui veulent façonner le monde selon leurs désirs corrompus...
Par la simplicité de notre témoignage, le Seigneur confond les sages et dévoile la vanité des prétentions humaines. Vivons selon la vérité et opposons une résistance déterminée au mensonge.
c) Une éthique de l’amour
L'Église doit répondre à l'intolérance du monde par un amour authentique, qui implique la confrontation respectueuse à la recherche de la vérité.
Résistance et amour
Jésus est notre modèle en toutes choses, y compris dans la manière d’aimer. Son amour ne consistait pas à dire aux pécheurs ce qu’ils voulaient entendre. Bien au contraire. Jésus a aimé l’homme riche en le confrontant (Mc 10.21).
Ainsi, notre résistance doit épouser la forme de l’amour de Christ. C’est pourquoi nous ne devons jamais nous exprimer avec mépris ou condescendance, avec clarté et douceur afin que nos intentions soient comprises (Pr 12.18-19).
Raphaël Charrier présente le débat comme un acte d'amour, car celui qui aime ne doit pas laisser son prochain s'égarer sans intervenir. Il est respectueux de défier les autres dans leur quête de vérité, tout en dénonçant le mensonge sans accabler le pécheur. Dans une société divisée, où les gens se caricaturent mutuellement et évitent le dialogue, l'Église doit se distinguer en dialoguant par amour.
Il est essentiel d'interagir avec tous, permettant à chacun de s'exprimer librement, sans crainte de moquerie. Les chrétiens doivent incarner des artisans de paix, en manifestant la bénédiction de Dieu tout en restant fidèles à la vérité. Ils doivent respecter la sainteté de Dieu et être prêts à défendre leur espérance avec douceur et respect, même face aux critiques. Enfin, il est préférable de souffrir pour faire le bien que de céder au mal, conformément à la volonté de Dieu.
Démontrons par notre comportement que l’Évangile fait de nous de doux artisans de paix et manifestons la bénédiction de Dieu à notre prochain sans compromission avec la vérité.
Le monde a besoin d’entendre la vérité, car elle n’est pas un fardeau, mais une délivrance. En tant que disciples de Jésus, nous sommes les seuls à pouvoir annoncer à nos prochains son offre de pardon et de réconciliation.
d) Une éthique de l’espérance
Les chrétiens doivent garder à l'esprit que la victoire ultime appartient à Dieu, et que leur résistance est un témoignage de leur foi.
Résistance, résilience, espérance
Nous ne résistons pas pour le simple plaisir de tenir tête au monde. Nous ne résistons pas par conservatisme des mœurs d’autrefois.
Nous résistons parce que nous voulons conformer nos vies à la réalité du Royaume à venir.
Portons donc notre croix. Refusons le mensonge, même si cela doit nous coûter. Nous sommes étrangers et voyageurs sur terre. Embrassons l’exil, non pas avec tristesse, mais avec joie, sachant que notre destination est la cité céleste.
Enfin, Charrier appelle l'Église à se positionner comme une communauté à la fois apologétique et prophétique, capable d'apporter des réponses aux questions spirituelles profondes et de vivre selon la vérité de l'Évangile. Il conclut en exhortant les Églises à prier, à adorer et à persévérer dans leur mission, tout en restant vigilantes et courageuses face aux défis contemporains.
Poursuivre sa mission jusqu’au bout
Nous n’avons qu’un seul choix possible: vivre selon la vérité. Notre éthique, notre manière de vivre, notre confession de foi montrent au monde à qui nous appartenons.
Prions pour que nos Églises soient des ambassades où les disciples sont formés pour vivre leur foi avec courage.
Prions pour que nos Églises exaltent toujours plus Jésus-Christ pour nous permettre de résister à l’influence du monde.
Prions pour que nos communautés soient des phares pour les perdus, des ambassades de paix et de grâce pour ceux qui sont meurtris par les mensonges du monde.
Et surtout, persévérons.
Dans la prière.
Dans l’adoration.
Restez vigilants, tenez ferme dans la foi, soyez courageux, fortifiez-vous. Que tout ce que vous faites soit fait avec amour.