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Hatun Tash L’ex-musulmane convertie au christianisme critique vertement l’islam, défend la liberté d’expression et ne lâche rien malgré une agression subie à Londres. Libération dresse le portrait de cette femme courageuse qui n’a pas honte de partager publiquement ses convictions.

EXTRAITS DE L'ARTICLE

Les blessures sont encore fraîches. Une fine cicatrice se dessine sur son arcade sourcilière, bardée de quatre points de suture. Son œil gauche, caché derrière d’épaisses lunettes de vue, est enveloppé de noir et de bleu. Sa main droite, bandée, se remet doucement d’une «profonde coupure». Mais Hatun Tash, femme menue de 1,50 mètre au look d’écolière, ne semble pas effrayée de retrouver le Speaker’s Corner à l’occasion de notre rencontre. Le coin de béton dans Hyde Park constitue le lieu sacré de la liberté d’expression en Angleterre depuis 1872. Chaque dimanche, il est le berceau de tous les discours. «Speaker’s Corner, c’est l’endroit de la controverse», résume la chrétienne de 39 ans, qui y prêche, depuis neuf ans, «l’amour de Dieu» face aux musulmans.

Ce lundi 2 août, le parc est paisible. Une semaine plus tôt, c’est pourtant à cet endroit qu’un homme a asséné de violents coups de couteau à Hatun Tash. ...

Au printemps 2011, elle rencontre des chrétiens pendant une visite d’une église londonienne. «J’ai entendu quelqu’un dire que Jésus était mort sur la croix, alors que les musulmans pensent que ce n’est pas le cas.» Cette phrase trotte dans la tête de Hatun Tash. Après plusieurs mois de recherches, elle conclut que, «historiquement, Jésus est bien mort sur la croix». Tremblement de terre. Le Coran devient «un tissu de mensonges», l’islam une «fausse religion» et Mahomet un «faux prophète».

Elle découvre le Speaker’s Corner l’année de son baptême, en 2013, où l’apprentie chrétienne croise la route de l’évangéliste américain Jay Smith, qui deviendra son parrain. Sa première confrontation verbale avec des musulmans est difficile. Hatun Tash en repart en «pleurs», fierté ratatinée. Elle s’aguerrit et répète désormais ses attaques. Le Speaker’s Corner, que la prédicatrice surnomme le «"Charia Corner", parce qu’il n’y a plus que des musulmans», fait office de plate-forme pour la chaîne YouTube de son organisation. Peu loquace sur sa vie privée, l’évangéliste devient intarissable lorsqu’il s’agit de parler de son «Amazing God» ou de critiquer l’islam, «une religion incompatible avec le XXIe siècle. C’est une idéologie dangereuse. Dans certains pays, les femmes sont emprisonnées parce qu’elles refusent de porter le voile, des fillettes sont mariées de force, et ceux qui rejettent la religion sont chassés de leur famille et parfois menacés de mort».

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A cause de ses discours anti-islam, Hatun Tash a été menacée, frappée et même traînée au sol lors de ses interventions au Speaker’s Corner, avant d’y être poignardée le 25 juillet.

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Sa conversion et son prêche acharné lui coûtent cher et l’isolent de plus en plus. Sa famille a coupé les ponts, et elle ne peut plus se déplacer sans se soucier de sa sécurité. Surtout, confie-t-elle au bord des larmes, elle a été licenciée par son employeur après son agression. 

Extrait de LIBÉRATION - 30 août 2021