Qu’en est-il du respect de la vie au début et en fin de vie ?

Il nous semble que le respect de la vie laisse à désirer au début et en fin de vie à l’heure où l’IVG est tenu par les parlementaires français (AN et Sénat réunis) comme un droit et une liberté élémentaire pour les femmes et que les mêmes chambres s’apprêtent à décider du droit d’aider à mourir.


Le respect de la vie est une valeur fondamentale dans notre société, mais malheureusement, il est souvent mis à mal au début et à la fin de vie. Au début de la vie, le respect de la vie peut être remis en question par des pratiques telles que l'avortement, la fécondation in vitro ou encore la gestation pour autrui. Bien que ces pratiques soient encadrées par la loi, elles soulèvent de nombreuses questions éthiques et morales.


D'un côté, certains considèrent que l'avortement est un droit fondamental pour les femmes, leur permettant de disposer librement de leur corps. D'un autre côté, certains estiment que l'avortement constitue une atteinte à la vie humaine, et que le fœtus doit être considéré comme une personne dès la conception. Les débats autour de la fécondation in vitro et de la gestation pour autrui soulèvent également des questions éthiques importantes, telles que la marchandisation du corps humain et la réification de l'enfant à naître.


À la fin de la vie, le respect de la vie peut également être mis à mal, en particulier dans le contexte de la maladie et de la souffrance. Les questions autour de l'euthanasie et de l'assistance au suicide sont particulièrement sensibles. D'un côté, certains considèrent que chaque individu a le droit de choisir les conditions de sa propre mort, et que l'aide médicale à mourir peut être une forme de compassion envers les personnes souffrant de maladies incurables. D'un autre côté, certains estiment que l'euthanasie et l'assistance au suicide constituent une atteinte à la dignité humaine, et que la vie doit être préservée jusqu'à sa fin naturelle.


Dans les deux cas, il est important de trouver un équilibre entre le respect de la vie humaine et la prise en compte des souffrances et des désirs des individus concernés. Les débats autour de ces questions sont complexes et nécessitent une réflexion approfondie sur les valeurs qui sous-tendent notre société. Il est essentiel de promouvoir une culture de respect de la vie à toutes les étapes de l'existence, en veillant à ce que chaque individu soit traité avec dignité et compassion.

L’introduction de l’IVG et les milieux évangéliques

La décision du congrès du Parlement français d’inscrire l’avortement dans sa constitution bouscule les milieux évangéliques.


La loi Veil a été adoptée en 1975 dans un contexte de chiffres inquiétants: en une année, 600 000 avortements et 20 000 décès de femmes.
Pourtant, les chiffres juraient avec la réalité, explique François Volff, vice-président de l’Association des chrétiens protestants et évangéliques pour le respect de la vie, qui parle de manipulation après la légalisation des contraceptifs en 1967: «Comme le combat pour la contraception est gagné, celui pour l’avortement commence. Et la presse est largement arrosée pour y habituer l’opinion publique.»


Face aux chiffres médiatiques, ce médecin cite la Revue du Praticien du 11 février 1974: «Lors des entretiens de Bichat 1973, le docteur Monrozies fit un exposé, fortement nourri de statistiques, sur la mortalité et la morbidité comparative des avortements clandestins et des avortements légaux. Il plongea dans la stupéfaction et dans le désarroi les nombreux journalistes présents dans la salle, en indiquant des chiffres sensiblement voisins.» Le médecin affirma aux journalistes que le nombre de décès était de quelques dizaines par an, et non entre 1000 et 6000, et que les chiffres énormes visaient à faire pression sur les pouvoirs publics.

 

De la dépénalisation à la constitutionnalisation

C’est dans ce contexte que la loi Veil a été votée. Elle n’était qu’une loi de dépénalisation, les femmes recourant à l’avortement et ceux le pratiquant n’étaient pas poursuivis sous certaines conditions. Elle distingue l’interruption volontaire de grossesse (IVG), autorisée jusqu’à dix semaines, de l’interruption médicale de grossesse, qui peut avoir lieu jusqu’au dernier jour pour raison médicale.

Depuis, le délai pour une IVG a été porté à douze semaines en 2001 puis quatorze en 2022. Dans la loi Aubry de 2001, la «condition de détresse» a été remplacée en 2014 par ces mots: «…qui ne veut pas poursuivre une grossesse». Pourtant, Simone Veil déclarait au moment des débats que «l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue».

Des chrétiens peu unanimes

Luc Olekhnovitch, président de Commission d’éthique évangélique, se montre critique envers cette évolution: «On est passé de ce qui devait être une exception à une inscription du meurtre dans la Constitution. Car avorter c’est tuer un enfant, et cet acte blesse aussi les femmes qui y ont eu recours. On doit avoir compassion de l’enfant et de la femme en détresse, y compris si elle a eu recours à l’IVG. Mais c’est tout autre chose de détruire les repères par la loi, les interdits qui permettent la vie en société.»

De son côté, le Conseil national des évangéliques de France «s’inquiète des risques que porte cette constitutionnalisation». Il appelle le gouvernement «à veiller à offrir aux femmes qui le souhaiteraient la liberté et les moyens de garder ou de confier leur enfant» et ajoute que les Eglises «veulent rester des lieux d’accueil qui manifestent l’amour, la grâce et la vie que porte l’Evangile de Jésus-Christ» pour celles qui feraient un autre choix.


LE RESPECT EN FIN DE VIE ?

S'il était voté tel quel, le projet sur la fin de vie défendu par le Président* introduirait dans la loi le « suicide assisté avec exception d'euthanasie ». Une rupture avec l'actuelle loi Claeys-Leonetti.



1. Ce qui est envisagé

Le projet de loi comprendra trois volets : les soins palliatifs, les droits des patients et des aidants, et « l'aide à mourir », dont la demande devra répondre à des critères « stricts » : être majeur, atteint d'une maladie incurable, capable d'un discernement « plein et entier », avoir son pronostic vital engagé à court ou à moyen terme, et enfin subir des souffrances physiques ou psychologiques « réfractaires ». Les patients atteints de maladies psychiatriques ou neurodégénératives comme Alzheimer sont donc exclus. Après que le patient aura formulé sa demande, ce sera à l'équipe médicale de décider, « dans les quinze jours », s'il peut recevoir l'aide à mourir. Si la réponse est positive, la prescription de la substance létale sera valable trois mois. Cette procédure sera prise en charge par l'assurance- maladie. Présenté en Conseil des ministres en avril, ce projet de loi sera ensuite débattu au Parlement.

2. Un dispositif sans équivalent

Ouvrir la possibilité, sous conditions, à une « aide à mourir » ne saurait évacuer la question de la main qui aura à réaliser le geste final. Interrogé sur l'absence des termes « euthanasie » et « suicide assisté » dans le texte qui sera soumis aux parlementaires, le président de la République précise : « L'administration de la substance létale est effectuée par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n'est pas en mesure d'y procéder physiquement, à sa demande, soit par une personne volontaire qu'elle désigne […], soit par le médecin ou l'infirmier qui l'accompagne. » En clair, le projet de loi pose le cadre d'un « suicide assisté avec exception d'euthanasie », une des possibilités envisagées par les membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie qui a rendu son rapport il y aura un an le 2 avril.

Lier dans un même mouvement suicide assisté et exception d'euthanasie n'a pas d'équivalent dans le monde. La plupart des États qui ont légiféré sur la fin de vie ont opté pour l'une ou l'autre de ces pratiques. Ou s'ils ont légiféré sur les deux (Pays-Bas en 2001 ; Luxembourg en 2009 ; Canada en 2016 ; Nouvelle-Zélande en 2019 ; Espagne en 2021), ils les ont distinguées. Quant à la possibilité, également inédite, que l'acte létal puisse être administré par un proche, « elle ouvre un abîme de réflexion philosophique, annonce le Dr Jean-Louis Samzun, président de l'association Claromed. On n'en réalise pas encore les conséquences. Même un médecin qui pratique l'euthanasie peut avoir des séquelles. Cette loi changera la société. »



3. Quels seront les soignants concernés ?

Selon Emmanuel Macron, « l'aide à mourir » sera examinée collégialement par une équipe médicale, qui devra également choisir où elle sera mise en œuvre : « domicile, Ehpad ou établissement de soins ». Quels médecins seraient concernés ? 



« Tous, puisqu'Emmanuel Macron évoque tous les lieux », estime Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap). « Bien des médecins se pensent protégés par une clause de conscience, poursuit le Dr Jean-Louis Samzun. Ce ne sera pas si simple. Le rapport de la Convention citoyenne sur la fin de vie précise que le médecin pourra exercer cette clause “sous réserve” de trouver un professionnel de santé qui le fasse à sa place. Que va-t-il se passer si une dame en zone rurale demande à mourir chez elle et que l'unique médecin présent dans ce secteur refuse ? » Par ailleurs, cette loi modifierait profondément le sens du geste de soin : « On sait faire des procédures collégiales en soins palliatifs pour les sédations profondes, souligne Claire Fourcade. Mais là, on demande au médecin non plus de soulager la douleur, mais de décider qui doit vivre ou mourir. Pour la Sfap, ce ne doit pas être une décision médicale. Le médecin doit d'abord se demander pourquoi une personne veut mourir, et non quand ou comment elle doit mourir. Notre service de Narbonne a accompagné 13 000 patients et nous n'avons eu que quatre demandes persistantes d'euthanasie. Très peu de patients la demandent quand nous les accompagnons correctement. »

4. Quel avenir pour les soins palliatifs ?




Emmanuel Macron parle de « soins d'accompagnement ». Une façon, estime Claire Fourcade, d'éviter d'évoquer la mort. « C'est paradoxal, puisque le président dit que “avec ce texte, on regarde la mort en face”. Moi, je n'hésite pas à dire que je fais de l'aide à mourir depuis vingt-cinq ans en soins palliatifs. Changer les noms ne change pas le réel. Quant au milliard d'euros promis par le Président aux soins palliatifs en dix ans, il sera insuffisant : « C'est une augmentation des moyens de 6 % chaque année, alors que 50 % des patients qui en auraient besoin n'en bénéficient pas. »




Fin de vie : l'Église catholique inquiète des dérives d'une loi "trompeuse"

Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF) a redit son hostilité à cette avancée sociale.


"Jusqu'ici, la fraternité consistait à retenir quelqu'un qui voudrait se suicider, [...] à l'accompagner jusqu'au bout. Cela deviendrait-il désormais de regarder la personne se suicider ou de l'aider à le faire?" s'est-il interrogé, dénonçant une "tromperie". "Très directement, elle transformera notre système de santé".

Selon lui, les différents "critères stricts" posés pour avoir accès à l'aide à mourir (être majeur, lucide et condamné à court ou moyen terme avec des souffrances réfractaires) "indiquent de manière précise à certains les verrous à faire sauter ».

« L'exemple des pays qui ont franchi le pas de l'euthanasie ou du suicide assisté montre le caractère inéluctable du glissement", croit savoir l'évêque de Reims.

"Le combat sera rude »



Cette "loi de fraternité", comme l'a décrite Emmanuel Macron, sera examinée à l'Assemblée nationale à partir du 17 mai.

RTL 

Christianisme Aujourd’hui - le 23 mars 2024

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