Elections législatives 2024 : mises en garde de la part d’Eglises et oeuvres protestantes

Suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale prononcée par le président de la République, Emmanuel Macron et à la veille des élections législatives, diverses Eglises et oeuvres protestantes ont jugé bon de s’exprimer publiquement pour la défense des valeurs qui les caratérisent : l’EPUdF, l’UEPAL, la FPF, les Eglises Adventistes du 7e Jour, L’Armée du Salut, le CNEF et la Cimade.

EPUdF


Paris, le 13 juin 2024

Les résultats français des élections au Parlement européen nous accablent. Depuis dimanche soir, nous sommes sous le choc d’un parti politique d’extrême droite, porté en première place par notre pays.

L’Église protestante unie de France ne peut pas se taire. Vivre sa foi dans le monde engage notre responsabilité à travailler ensemble et individuellement pour le bien commun. Se tenir à l’écoute de l’Évangile a nécessairement des conséquences politiques qui s’opposent au programme du Rassemblement national.

Avec toutes celles et ceux qui, dans l’Église et hors de l’Église, dans les associations, les entreprises et toute la société, œuvrent pour la solidarité et la paix, pour le partage et le dialogue, pour l’hospitalité et l’écoute, nous appelons chacune et chacun à exercer son droit de vote en participant aux prochaines élections législatives. Se rendre aux urnes est une prise de parole nécessaire au bien commun.

Pendant des décennies, nos synodes successifs[1] ont affirmé que l’Évangile nous appelle à dépasser nos peurs, à résister au piège de la violence et à la tentation du rejet. Dans la fidélité à l’Évangile du Christ crucifié et ressuscité, nous redisons que chaque personne humaine est reconnue digne. Nous refusons de laisser l’Évangile servir d’argument pour exclure les uns et réduire au silence les autres.

Alors que les discours violents et méprisants occupent une large place de l’espace médiatique et empoisonnent les esprits, nous vous encourageons à entrer en discussion avec parents, voisins, collègues, amis. Nous vous encourageons à vous joindre à toutes les forces de dialogue, de justice et de paix pour débattre et construire ensemble une alternative aux idéologies d’extrême droite.

C’est de reconnaissance que l’être humain a besoin, d’estime et d’attention, et non de mépris, de rejet et d’humiliation.

Nous n’ignorons rien des situations de vie précaires, des injustices économiques et des violences sociales : faire le malheur des uns ne fera pas le bonheur des autres. La liberté, l’égalité et la fraternité sont les seuls chemins à emprunter ensemble pour une société juste. La division et l’exclusion nous mèneraient dans de dangereuses impasses.

Devant la complexité des enjeux nationaux et internationaux, nous refusons les messages rapides, lisses et simplistes. Bien loin de répondre aux défis de notre temps, ils sont inopérants car mensongers.

Toujours nous confessons que Dieu aime le monde. Cet amour nous conduit à résister à tout ce qui défigure l’être humain. Nous résisterons donc aux sirènes de la violence et de l’inhumanité véhiculées par l’extrême droite et le Rassemblement national. Nous résisterons aujourd’hui et demain, pour la vie, pour la joie, par l’espérance. En Christ est notre assurance. Nous croyons que « c’est dans le calme et la confiance que sera votre force » (Esaïe 30,15).

Pasteure Emmanuelle SEYBOLDT
Présidente du Conseil national de l’Église protestante unie de France

EPUdF - le 13 juin 2024

amicale-pasteurs


UEPAL

Déclaration du 13 juin 2024 : Donnons la priorité à nos valeurs


En France, les élections européennes ont davantage porté sur la politique nationale que sur l’orientation des politiques de l’Union. Les résultats du scrutin ont conduit le Président de la République à appeler à des élections législatives dans un délai extrêmement court. Notre pays vit une échéance électorale majeure dans une ambiance de précipitation.

Nous invitons nos concitoyennes et concitoyens à la lucidité et à la responsabilité. Toujours imparfaite, la démocratie est une chance. Ne manquons pas l’occasion de débattre et de réfléchir. Qu’avons-nous en commun de plus précieux ? Comment redonner un élan à la vie démocratique, favoriser le développement durable, assurer à toutes et à tous un niveau de vie décent, réguler la vie sociale, protéger les citoyens, garantir la paix, faire régner la justice et mettre en place plus de solidarité ?

Les propositions extrémistes sont un piège. L’avenir se décide maintenant. Les élus ont un rôle essentiel à jouer. Il s’agit de poursuivre des projets à long terme et non de choisir des solutions démagogiques. Les Françaises et les Français aspirent à un monde plus juste, plus sûr et qui retrouve la paix. Grâce au projet européen, nous sommes passés d’une logique de l’intérêt particulier à celle de l’intérêt commun. Le repli sur soi et la fermeture ne sont pas des solutions réalistes.

En tant que protestants, nous sommes attachés à la démocratie représentative, à la place des corps intermédiaires et au respect de tous les acteurs de la société. Nos futurs gouvernants doivent impérativement être en mesure de coopérer en confiance avec nos partenaires européens. À qui confierons-nous les clés de la maison commune pour garantir une paix civile permettant aux croyants et non croyants, partisans de telle ou telle idéologie, de vivre côte à côte ? Notre foi chrétienne nous commande d’aimer notre prochain et de tendre la main à toute personne en difficulté, quelles que soient ses convictions ou ses origines. Nous invitons les citoyennes et les citoyens à voter pour orienter notre pays non vers l’affrontement permanent, mais vers le dialogue et la fraternité, au service du bien commun.

« Cela importe d’autant plus que vous savez en quel temps nous sommes :
c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil ! » Romains 13, 11

Le Conseil de l’Union

UEPAL

amicale-pasteurs

FPF

19 juin 2024


Rien ne se construit sur la détestation d’autrui

A Paris, le 19 juin 2024

La dissolution de l’Assemblée nationale plonge notre pays dans une situation d’une gravité inédite. Lors des élections européennes, les Français ont exprimé leur souffrance, leur mal-être et leur colère, détournant le scrutin de son objectif initial. Depuis, sous l’influence des voix extrémistes, notre société subit une recomposition qui inquiète au plus haut point les défenseurs des valeurs de la République.

Alors que les législatives devraient permettre un débat démocratique constructif, des délais trop courts et des promesses démagogiques irréalistes menacent de semer un profond désordre. Les trois principales formations politiques poussent les électeurs à voter par rejet plutôt que par adhésion, risquant au second tour de piéger les français dans un choix cornélien entre le racisme de l’extrême droite et l’antisémitisme de la gauche extrême. L’heure est grave. L’instabilité durable guette. La haine et la détestation ne peuvent être la base d’une société juste et fraternelle.

Ce désir d’une société plus juste et plus respectueuse est largement partagé. Paix, dignité et fraternité, qui constituent l’intérêt commun et individuel que notre foi nous pousse à rechercher, ne peuvent s’ériger sur la haine ou la détestation ; ni celle d’une personne, ni celle des institutions démocratiques, ni celle de groupes stigmatisés, qu’ils soient juifs, musulmans ou étrangers. Une société équitable et solidaire exige un esprit de concorde et le devoir de fraternité de chaque citoyen.

Dans la continuité de ses appels précédents, la Fédération protestante de France exhorte chaque citoyen à exercer son droit de vote avec conscience et responsabilité pour renforcer le tissu social et promouvoir la dignité humaine inaliénable.

Elle alerte sur l’impasse dangereuse que représentent pour notre pays, notre démocratie et notre société, les discours et visions des partis extrêmes, qui heurtent profondément les femmes et les hommes de foi inspirés par l’Évangile.

Face à la menace des extrêmes, elle invite chacun à discerner, en son âme et conscience, des femmes et des hommes capables de s’extraire des logiques idéologiques et partisanes, et de s’unir pour servir l’intérêt supérieur de la nation ; des femmes et des hommes capables de coopérer en confiance avec nos partenaires européens.

En cette heure de gravité, elle appelle les communautés chrétiennes à porter dans leur prière le bien commun que représente la République ainsi que l’esprit de fraternité et concorde de ses citoyens.

Plus que jamais, « Prenons soin les uns des autres » (Hébreux 10,24)

Pasteur Christian Krieger
Président de la FPF

Amicale-pasteurs


Eglise Adventiste du 7e jour

25 juin 2024 | Paris, France | 


Les récentes élections européennes du 9 juin 2024 ont mis en lumière des disparités significatives dans les pratiques de vote des différentes communautés religieuses en France. Selon une enquête Ifop pour La Croix, les catholiques pratiquants se sont fortement mobilisés, avec un taux de participation de 73%, tandis que les musulmans n’étaient que 41% à se rendre aux urnes.

Jordan Bardella, grand vainqueur de ce scrutin, a su rassembler l’électorat catholique, avec 37% de leurs voix. Cependant, il est intéressant de noter que les catholiques pratiquants réguliers ne sont que 18% à avoir soutenu le président du Rassemblement National, contre 40% pour les pratiquants occasionnels et les non-pratiquants.

La majorité présidentielle, menée par Valérie Hayer, n’a recueilli que 14,6% des voix, principalement issues de l’électorat catholique (16%). Ce score est nettement inférieur à celui obtenu lors des précédentes élections européennes (25%).

La France Insoumise, quant à elle, a bénéficié d’un soutien massif de la communauté musulmane (62%), grâce notamment à son engagement en faveur de la Palestine. Le conflit israélo-palestinien, considéré comme un enjeu déterminant par 83% des musulmans, n’a été jugé important que par 25% de l’ensemble des Français. À l’inverse, seuls 4% des catholiques ont voté pour la liste de Manon Aubry.

Enfin, les préoccupations des électeurs varient selon leur confession. Les catholiques accordent une grande importance à la lutte contre le terrorisme (72%), tandis que les musulmans se concentrent davantage sur des questions sociales telles que le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat (76%), la santé (79%), la sécurité et la lutte contre la délinquance (73%), ainsi que la lutte contre le racisme et les discriminations (78%, contre 39% chez les catholiques).

En tant qu’adventistes du septième jour, il est essentiel de garder à l’esprit notre responsabilité civique et notre devoir de participer à la vie démocratique de notre pays, tout en veillant à ce que nos choix soient guidés par nos valeurs et nos principes fondamentaux. Bien que les résultats de ces élections mettent en évidence des clivages confessionnels, nous devons continuer à œuvrer pour une société plus juste, tolérante et respectueuse des différences, en accord avec les enseignements du Christ

Amicale-pasteurs


L’Armée du Salut réagit


Les résultats des élections européennes 2024 et la dissolution de l’Assemblée nationale sont les signes de la crise profonde que traverse notre pays. Forte de ses valeurs historiques d’inconditionnalité et d’espérance, l’Armée du Salut mesure le risque de remise en cause de ce qui constitue le socle de notre action et notamment la notion de fraternité.

 

Alors que nombre de nos concitoyens expriment dans les urnes leurs craintes ou la gravité de leur situation, le besoin d’une Armée du Salut forte et engagée pour l’inclusion de tous n’a jamais été aussi grand. Parce que nous croyons que chaque vie peut être transformée, nous sommes convaincus que les personnes en situation de fragilité sociale ne sont pas la cause des maux de notre société, ils en sont les victimes, mais aussi les acteurs du monde de demain.

Depuis 140 ans au service des plus vulnérables

En 140 ans d’existence, notre organisation a surmonté de nombreuses situations graves et elle continuera de le faire. Notre histoire et notre présence dans 134 pays nous donnent une grande force pour défendre notre projet d’une société inclusive et vraiment attentive aux plus fragiles.

Je me battrai

Dans cette période de perte de repères, les mots de notre co-fondateur, William Booth restent toujours notre boussole : « Tant que des femmes pleureront, je me battrai, Tant que des enfants auront faim et froid, je me battrai … ».

Redonner l’espérance

Notre mission demeure plus que jamais d’actualité et d’utilité publique. Nous continuerons de la mener ensemble, avec engagement et détermination, pour redonner l’espérance à celles et ceux qui l’ont aujourd’hui perdu.

25 juin 2024

Amicale-pasteurs.com

CNEF : Législatives 2024 : retrouver « la force d’aimer »


Les résultats des élections européennes ont agi comme un électrochoc, offrant le reflet d’une société qui souffre, se crispe, se divise. La décision du chef de l’État de dissoudre l’Assemblée nationale participe à l’accélération de ces peurs. Elle pourrait nourrir, dans l’urgence, la tentation d’un vote qui obéisse aux passions tristes du repli, de la colère ou encore des promesses humaines de lendemains qui chantent.

« N'ayez pas peur » disait Jésus à ses disciples (2). Dans ce temps troublé, appuyée sur les paroles du Ressuscité, l’Église est appelée à démontrer par sa manière d’être, de vivre, de prier, de s’engager, qu’une autre société est possible. Une société où les divisions d’origine, de genre et de condition sociale qui fracturent l’humanité ne l’emportent pas (3).

La politique ne peut pas tout. Les protestants évangéliques le savent : ils placent leur espérance ultime en Dieu et se tiennent dans l’attente d’un Royaume de paix à venir. Mais, portés par leur foi, ils agissent selon leur espérance pour être, dans la société présente, ferments de paix, semences de vie, acteurs de réconciliation et d’hospitalité. Par le livret qui accompagne ce communiqué, les protestants évangéliques veulent participer à la réflexion commune. À distance des postures partisanes et du prêt-à-penser, ils souhaitent souligner un ensemble de valeurs issues de leur foi et qui leur semblent propices à l’édification d’une société de paix et de confiance.

Voici un essentiel de ces valeurs :

  • la participation à une humanité commune ;
  • l’exigence de solidarité impliquée envers les personnes vulnérables (pauvres, personnes âgées, personnes en situation de handicap, exilés en situation de détresse, etc.) ;
  • la valeur inaltérable et absolue de toute vie humaine, de sa conception à sa fin ;
  • le rejet de toute forme de racisme et d’antisémitisme ;
  • la recherche de justice, d’ordre et de paix tant au niveau national qu'international ;
  • le rappel que l’économie doit se situer au service des personnes et d’une gestion responsable et respectueuse de la création ;
  • la défense d’une laïcité au service des libertés : liberté de croire ou de ne pas croire et de pouvoir exprimer et pratiquer ses convictions sans être inquiété.

En ce temps de trouble, prions pour notre pays ; discernons, et mobilisons-nous en vue des élections des 30 juin et 7 juillet prochains. Particulièrement conscients qu’au-delà de ces échéances il nous faudra continuer à rechercher de manière exigeante, constructive et apaisée, à faire société ensemble, avec les autorités qui auront été désignées. Prenons dès lors le parti de refuser les postures de haine, d’invective et de rejet pour retrouver ensemble la force d’aimer.

Erwan CLOAREC,
Président du Conseil national des évangéliques de France

TÉLÉCHARGER LE LIVRET CONVICTIONS 2024

("La force d'aimer") Titre d’un recueil de 17 sermons du Pasteur Martin Luther King.
(2) La Bible, Matthieu 14.27.
(3) C’est en ce sens que le Nouveau Testament nous parle d’une nouvelle société dans l’Église où « il n’y a plus ni juif ni grec ; ni esclave ni homme libre ; ni homme ni femme » (La Bible, Galates 3.28)

CNEF

La Cimade communique

25 juin 2024


Nous, syndicats et associations, avons décidé d’agir ensemble sur tous les territoires pour battre l‘extrême droite lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 et porter ensemble des mesures concrètes de solidarité, d’égalité et de justice. Nous en appelons à la mobilisation de toutes et tous.

La victoire des extrêmes droites aurait les mêmes conséquences dramatiques que celles qu’on a pu voir là où elles ont pu gouverner ou gouvernent. Aux Etats-Unis de Trump, dans la Russie de Poutine, la Hongrie de Orban, l’Argentine de Milei, la Pologne du PiS, l’Italie de Meloni, la liberté est piétinée, les droits ont été bafoués, les services publics et les politiques sociales, étranglés. Dans tous ces pays, la violence, la haine de l’autre ont remplacé les valeurs d’égalité, de solidarité, de fraternité.

Nous devons tout faire pour éviter que cela ne nous arrive.

Certes, la défaite des extrêmes droites ne suffira pas à garantir la mise en œuvre de politiques publiques répondant aux inégalités, injustices, et à l’urgence sociale et environnementale. Mais sa victoire en compromettrait radicalement la perspective.

Le recul des droits, la régression des libertés auxquels nous avons assisté ces dernières années, les choix politiques tournant le dos au progrès social, la maltraitance des précaires, l’abandon des services publics, le mépris des mouvements sociaux d’ampleur, comme le combat contre la réforme des retraites, constituent le terreau sur lequel l’extrême droite a prospéré.

Battre l’extrême droite dans les urnes, combattre son projet raciste doit se conjuguer à l’émergence d’un changement profond, de ruptures sociales et écologiques et d’effectivité des droits.

Il est donc crucial que chacune et chacun trouve dans l’exercice électoral le prolongement des mobilisations et aspirations communes. Une réponse de l’ensemble des forces politiques considérant que les droits sont les mêmes pour toutes et tous est indispensable.

Nous, syndicats et associations, serons exigeants pour que les réponses que nous portons pèsent aujourd’hui et demain dans un dialogue social et civil effectif.

Dans la société que nous voulons, la liberté, l’égalité, la démocratie, la solidarité et l’Etat de droit ne sont pas des mots vides de sens mais les principes mêmes qui organisent notre vie commune, notre avenir commun. Sur ces bases, face aux tenants de la haine, du racisme, de l’antisémitisme, du sexisme, de la LGBTQI+phobie, de la régression sociale, et de la destruction du vivant : des alternatives de rupture sont nécessaires.

Ensemble, nous en appelons à la mobilisation citoyenne. Sans attendre, nous appelons à participer dès ce week-end à toutes les manifestations partout en France.

Un appel à l’initiative de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) et Cimade, Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du travail (CGT), Fédération des acteurs de la solidarité (Fas), Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), Fédération syndicale unitaire (FSU), Greenpeace France, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Oxfam France, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la Magistrature (SM), Union nationale des syndicats autonomes (Unsa), Union syndicale Solidaires

amicale-pasteurs


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