la FPF vent debout contre le projet de loi confortant les principes républicains

La Fédération Protestante de France se mobilise autour de ce projet de loi. Elle alerte. Elle conteste. Ce projet de loi a un caractère inquiétant et dangereux. ll vise à accroître le contrôle de l'État sur les associations et en particulier sur les associations cultuelles. Le libre exercice du culte s'en trouve modifié, encadré, limité.

Un durcissement du régime de 1905

Pour François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), « l’enjeu (de ce projet de loi) est davantage lié au renseignement ainsi qu’à l’action de la police et de l’armée. Ce projet de loi renforçant le régime 1905 ne fait que le rendre plus contraignant et donc moins attractif pour les cultes qui ne l’auraient pas encore adopté »

Pour Jean-Daniel Roque, président de la commission Droit et liberté religieuse de la FPF, plusieurs dispositions vont toucher très concrètement les associations cultuelles protestantes. Par exemple, l’obligation de renouveler tous les cinq ans la décision de constatation du caractère cultuel de l’association ou encore la certification des comptes imposée dès lors que l’association perçoit un don provenant directement ou indirectement de l’étranger de 10 000 euros ou plus. « Ces contraintes vont coûter cher en argent et en temps pour les bénévoles déjà si difficiles à trouver, explique-t-il. Sans compter le risque d’avoir une amende si les comptes sont mal tenus. » 

« Il y a derrière ce projet de loi une volonté politique de baisser les yeux devant l’extrémisme et de contraindre la liberté de culte. Où cela va-t-il s’arrêter ? »


Jean-Daniel Roque s’interroge : « Ce projet de loi laisse croire que tout risque séparatiste ou terroriste ne peut émaner que des associations cultuelles. » En outre, « le contrat imposé à toutes les associations, peu importe le régime, est superfétatoire car les associations, comme tout citoyen, sont déjà tenues de respecter aujourd’hui la Constitution », précise le président de la commission Droit et liberté.


La liberté de culte mise à mal

François Clavairoly dénonce « derrière ce projet de loi une volonté politique de baisser les yeux devant l’extrémisme et de contraindre la liberté de culte. Où cela va-t-il s’arrêter ? Nous entrons dans un processus de grignotage de la liberté d’expression et de culte. Les protestants sont très sensibles à ces questions. Vigie de la République selon l’expression même d’Emmanuel Macron, ils ne peuvent rester indifférents devant cette évolution. »

RÉFORME - 20 janvier 2021

Sur clic, accédez à l’article du FIGARO - 28 janvier 2021



















Jean-François Colosimo - du séparatisme 

En France, alors que la crise sanitaire dure, le chef de l’État change de cap. Génie de la Constitution, poids des réalités, conversion personnelle, choix stratégique, opportunisme tactique, peu importe, il prononce aux Mureaux, le 2 octobre 2020, le discours promis et attendu depuis 2017. En la personne de son chef, l’État apparaît avoir retrouvé le pouvoir de dire, donc de décider. Le projet de loi est présenté au Conseil des ministres le 9 décembre 2020. Et là, s’abat une chape de sidération. Avant que ne se lève un vent de colère. Les cultes sont pris dans une rafle administrative à laquelle ils seront tous soumis mais dont l’islamisme n’aura pas grande difficulté à se soustraire. Comment expliquer l’écart entre le discours et la loi ? Quoi qu’il en soit, le résultat est là. Le projet a pour objet l’islamisme en raison de son caractère irrégulier et subversif. Afin de ne pas stigmatiser indirectement un culte, l’islam, il embrasse dans leur ensemble les ­cultes qui sont, eux, régulés et participatifs. La répression à grand bruit d’une minorité déviante entraîne ainsi la coercition à bas bruit de la majorité normalisée. L’urgence que crée un traitement longtemps négligeant ou défaillant trouve pour seule réponse une surenchère administrative tous azimuts dont les piliers sont la contrainte et le contrôle. Les mesures d’encadrement pleuvent. Ce ne sont pas ­seulement l’asphyxie bureaucratique et l’inflation procé­durière qui menacent. C’est la séparation qu’ordonne la ­laïcité qui est ébranlée.

La loi correspond en fait à un concordat parcellaire qui, pour ne pas se signaler comme tel, est étendu à tous. Une justification qui est source d’injustice et une raison qui prend le tour d’une déraison d’État. Qui, au nom de sa croyance, se définit comme étant en lutte avec ce qu’incarne la France, sa politique, sa culture, sa société ? Qui, arguant de sa croyance, se considère comme délié de toute solidarité avec la réalité nationale et pleinement solidaire de réalités étrangères ? Qui justifie par sa croyance la discrimination des genres, l’excision, le certificat de virginité, le mariage forcé, la spoliation d’héritage, l’endoctrinement éducatif, le discours de haine et le mépris ou l’atteinte à l’ordre public ? Qui juge infondée au regard de sa croyance la condamnation de telles pratiques ? Très exactement ceux qui ne se présenteront pas au guichet de sûreté que la loi prévoit. Mais elle soumettra à cet état d’exception tous les autres qui n’en relèvent pas. 

Personne de sensé ne saurait contester les articles qui visent au respect des droits humains mis en péril dans l’ordre des mœurs par des pratiques souvent plus coutumières que ­canoniques. Ce qui indiscutablement méritait une loi mais spécifique afin qu’elle n’ouvre pas à la confusion. Le coup est parti sans que nul, au gouvernement, n’ait calculé sa ­portée. Il est si violent que les trois confessions chrétiennes font front commun et solennellement. Après avoir alerté l’Assemblée et le Sénat, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, le métropolite Emmanuel Adamakis, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, cosignent une tribune que publie Le Figaro le 9 mars 2021. Ils y ­affirment souscrire au devoir de l’État qui est de protéger et de promouvoir la République, mais ils dénoncent d’autant plus un projet de loi qui, vain pour combattre ceux qui la ­menacent, préjudiciable pour ceux qui la soutiennent, met en péril l’équilibre des institutions. Un sujet d’unité vire ainsi à un motif de division.

LE FIGARO MAGAZINE - 19 juin 2021




LE CNEF AUSSI DÉNONCE CETTE LOI LIBERTICIDE




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