André Trocmé, Juste parmi les Nations


Parmi les figures de la résistance se détache le pasteur André Trocmé, Juste parmi les Nations : en charge de la communauté protestante du Chambon-sur-Lignon durant la seconde guerre mondiale, a supervisé le sauvetage des Juifs  en faisant de ce village un Refuge pour les fuyards… Au nom de sa foi chrétienne. Une résistance au totalitarisme d’alors  qui s’avère exemplaire, hors pair.

Dans ses mémoires, André Trocmé résume en une formule son ambition au Chambon-sur-Lignon : « trouver un moyen de résister au nazisme sans tuer des hommes »…

Il ajoute dans la foulée que ce moyen, il le cherche « dans l’obéissance journalière à l’Évangile de paix ». Le projet d’André Trocmé est un pari, presque une utopie. Le dimanche 23 juin 1940, il lit en chaire, avec son collègue Édouard Theis, une déclaration dans laquelle ils annoncent qu’ils résisteront si nécessaire, « avec les armes de l’esprit ». Tout comme d’autres protestants ailleurs en France, André Trocmé veut suivre à la lettre le commandement du Christ « tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Au préfet vichyste Robert Bach, qui lui annonce que ses services vont venir recenser les Juifs du Chambon-sur-Lignon, il tient cette phrase aujourd’hui célèbre : « Nous ignorons ce que c’est qu’un Juif. Nous ne ­connaissons que des hommes. » D’abord pensé comme un lycée au service de la population locale, et notamment des enfants de pasteurs, le collège Cévenol, fondé en 1937 par Trocmé et Theis, va accueillir des professeurs juifs interdits d’enseignement par le régime de Pétain, puis des élèves juifs. Mais en février 1943, les deux pasteurs, ainsi que l’instituteur Roger Darcissac, sont arrêtés par la gendarmerie française et incarcérés au camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, en Haute-Vienne. Et quand il est libéré, un mois plus tard, Trocmé constate que les choses ont changé.

Qu’est-ce à dire ?

Il le note sobrement : « Il avait suffi de quelques semaines d’absence pour que d’autres influences se fassent sentir au Chambon. » André Trocmé a voulu faire de ce village perdu dans la montagne un refuge, au sens biblique du terme. Cela a fonctionné un temps, jusqu’à ce que certains estiment qu’il était temps de résister autrement. De fait, à partir de 1943, se côtoient, au Chambon comme ailleurs en France, deux types de résistance. Une résistance civile, pacifique, où l’on cache des Juifs puis des réfractaires au STO, et une résistance active, où l’on cherche à constituer des maquis. 

Il faut ajouter, sans que cela n’enlève rien à ce qu’a accompli André Trocmé, que les autorités d’occupation avaient d’autres préoccupations que le refuge juif ; comme dans les Cévennes, leur obsession était surtout d’étouffer dans l’œuf toute tentative de constitution de maquis. C’est dans cette optique qu’il faut appréhender la descente allemande à la Maison des Roches, qui accueillait des étudiants, et la rafle de la plupart d’entre eux, dont leur responsable, Daniel Trocmé, le cousin d’André, qui mourra au camp d’extermination de Majdanek en 1944. ...

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RÉFORME - le 16 décembre 2020

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