LE PRIX DE LA VÉRITÉ, hommage au témoin-martyr Graham Staines


Famille Staines

La trame du film

A la fin des années 1990, dans l’état d’Orissa, Manav, un journaliste indien, est chargé d'enquêter sur Graham Staines, un missionnaire australien soupçonné d’acheter la conversion des pauvres au christianisme. Manav accepte d’investiguer sur cet homme avec la promesse d'obtenir un poste important en retour. Mais il découvre une série de révélations qui vont ébranler ses préjugés. Il se retrouve face à un choix crucial : favoriser son ambition professionnelle ou faire éclater la vérité.

D'après l'histoire vraie de Graham Staines, qui soignait les lépreux en Inde depuis plus de 30 ans. Le 23 janvier 1999, il est brûlé vif avec deux de ses enfants par des fondamentalistes hindous.



Voici plusieurs critiques du film

CULTURELLEMENT VÔTRE 

PAR JEAN-CHRISTOPHE BUISSON

MORT D’AIMER

Le Prix de la vérité , un film en hommage à un missionnaire australien victime en 1999 du fanatisme religieux hindou : Graham Staines.

La manifestation inquiétante de l’extrémisme religieux hindou ne date pas de l'arrivée de Narendra Modi au poste de premier ministre en Inde, en 2014. À la fin des années 1990, dans l'Etat d'Orissa, par exemple, on pourchassait déjà les missionnaires chrétiens. Leur crime ? Aimer.

Dieu, bien sûr, mais aussi ses créatures les plus fragiles : les lépreux. L'un de ces missionnaires s'appelait Graham Staines. Australien, marié et père de trois enfants, il irradiait de bonté — une arme de destruction du Mal massive. N’écoutant que son cœur, qui était immense, il avait décidé de prendre en charge des paysans malades, rejetés par leur propre famille, privés d’accès aux soins, au logement, au travail, aux transports. Même quand ils n’étaient plus contagieux. Problème : les autorités indiennes, mais aussi la police et la presse ne pouvaient croire que l’homme agissait ainsi de manière désintéressée. Il fallait qu’il fût guidé par de sombres desseins pour s'occuper de tous ces malheureux avec autant d’abnégation, d’inconséquence et de tendresse.

Plutôt qu’un documentaire, le réalisateur Aneesh Daniel a choisi le genre de la fiction réaliste pour offrir un tombeau artistique à Graham Staines. Il met donc en scène un journaliste prêt à tout pour obtenir un poste dans le grand quotidien local, The New Orissa. Appareil photo en bandoulière, Manav est chargé de rapporter les preuves que Staines non seulement convertit (c’est-à-dire pervertit) ses protégés frappés par la maladie, mais en outre les rémunère pour devenir chrétiens. Et notre Tintin rapporteur d’enquêter, fureter, fouiller, interroger.

En vain. Pire : peu à peu, il se laisse envahir par le doute, ébranlé par la violence de la bonté du missionnaire, sa douceur, sa générosité, son humanité. Mais les armes de ceux qui veulent la tête de Staines sont bien aussi violentes.

Mortelles, même.

Le cinéma n’est pas fait que pour les cinéphiles. Le Prix de la vérité (en salles le 10 mai) est moins un film qu’une œuvre d’édification. Et alors ?

Même si la mise en scène est sommaire et que Stephen Baldwin joue comme une quiche, difficile de ne pas être bouleversé par le destin (méconnu) de Staines, qui vécut en saint et mourut en martyr.

Le Figaro magazine - le 5 mai 2023


Le Prix de la vérité

d’Aneesh Daniel 

INÉGAL Inde, fin des années 1990. Pour complaire au directeur du journal où il espère se faire embaucher,

Manav Banerjee (Sharman Joshi, photo) accepte d’enquêter à charge contre Graham Staines (Stephen Baldwin), un missionnaire chrétien qui soigne les lépreux, pour prouver que celui-ci ferait des conversions forcées en proposant de l’argent aux convertis. Bien que l’accusation soit fausse, son enquête attire sur Staines la colère des fondamentalistes hindous... L'histoire, tragique, est tirée de faits réels. Mais ce qui est curieux dans ce film au ton apologétique est que le cinéaste ne semble pas croire lui-même dans la force de son récit, au point de se croire obligé d’en rajouter par des effets de mise en scène qui, à force de vouloir souligner lourdement l’émotion, produisent l’effet contraire et font paraître cette histoire vraie comme un peu factice

(en salle le 10 mai). L.D.

VALEURS ACTUELLES - 5 mai 2023


“Le Prix de la Vérité”, la tragique histoire de Graham Staines au cinéma

Réalisé par Aneesh Daniel, “Le Prix de la Vérité”, en salles le 10 mai, revient sur la vie et la mort du missionnaire australien Graham Staines qui, après s’être occupé pendant des décennies des lépreux en Inde, a été brûlé vif avec ses deux fils par des fondamentalistes hindous.

C’est une histoire qui avait profondément choqué l’Australie. Le 23 janvier 1999, Graham Staines, alors qu’il se trouvait dans le village de Manoharpur (Inde) en compagnie de ses deux fils de 10 et 6 ans pour assister au rassemblement annuel de chrétiens de la région, a été attaqué dans sa voiture par une cinquantaine de fondamentalistes hindous armés de haches. Piégés à l’intérieur et empêchés de sortir, lui et ses enfants seront brûlés vifs. C’est son histoire que le réalisateur Aneesh Daniel a décidé de raconté dans le film “Le Prix de la Vérité”, en salles ce mercredi 10 mai. Graham Staines, interprété ici par Stephen Baldwin, était un missionnaire évangélique travaillant depuis 1965 au sein de la Mayurbhanj Leprosy Home, une léproserie qui soignaient les malades les plus pauvres, souvent rejetés par leurs propres familles. Sa veuve, Gladys Staines (Shari Rigby), pardonnera à ses meurtriers, menés par Dara Singh, un activiste membre du Bajrang Dal, une organisation de jeunesse nationaliste. 

« Dire à quel point son travail fut beau »

« Il était important pour moi de raconter une histoire vraie, de faire jouer de véritables lépreux, de mettre en scène le lieu même où Graham Staines a soigné ces gens, de raconter à quel point le travail qu’il a accompli en Inde fut beau », confie le réalisateur Aneesh Daniel  à Aleteia. « J’ai rencontré sa femme et ceux qui l’ont connu : l’un des acteurs a été, par exemple, son chauffeur, le fils de deux lépreux que Graham a soignés ; Graham Staines et sa femme sont aujourd’hui très connus en Inde, non seulement chez les chrétiens mais aussi parmi les hindous. Les gens se demandent : par quelle force a-t-elle été capable de pardonner aux meurtriers de son mari ? », ajoute-t-il. Le film met également en scène, parallèlement à l’histoire de Staines, celle, fictive, de Manav Banerjee, un jeune journaliste ambitieux qui acceptera d’enquêter, malgré l’absence de preuves, sur les conversions forcées que, par haine ou par intérêt, on attribue alors au missionnaire.

Photo Saje

Stephen Baldwin incarne avec force le personnage de Graham Staines dont le caractère énigmatique interroge. Derrière la résolution dont il fait preuve, dissimule-t-il ses véritables intentions ? Le trouble ainsi jeté, le film se lit aussi bien à travers le regard du missionnaire que celui de Manav Banerjee, contraint de travailler pour sauver sa jeune épouse malade et désespérant de ne pas trouver de quoi accuser celui qui, malgré lui, le fascine par son œuvre, au point de se risquer à fabriquer des preuves de toutes pièces. 

L’exemple de Graham Staines a contribué à la reconsidération de la place des lépreux dans la société indienne. Malgré tout, les lois anti-conversion, les mêmes qui ont mené à sa mort, sont maintenues, et même nouvellement votées dans plusieurs États du pays. Au sujet des persécutions subies par les chrétiens, Aneesh Daniel déclare : « Les chrétiens sont et seront, du temps de Graham Staines,  il y a deux cents ans ou aujourd’hui, victimes de la haine collective. Mais ils sont toujours là. Nous devons faire ce que nous avons toujours fait, nous mettre à genoux et prier, nous dépouiller de nos biens et les donner aux pauvres. C’est  ainsi que nous réussirons. »

Aletheia

“Le Prix de la vérité” : la foi en actes

Manav, journaliste indien pétri de préjugés au sujet des chrétiens, enquête sur les conversions forcées. Pour obtenir un poste dans un journal de la province d’Orissa, il est chargé par le rédacteur en chef de suivre l’Australien Graham Staines, qui s’occupe de lépreux. Manav doit prouver que le missionnaire convertit les malades au christianisme contre des soins médicaux. Mais au fil de ses recherches, c’est une autre réalité qu’il va découvrir…

L’histoire de Graham Staines (joué par Stephen Baldwin) est certes méconnue mais bien vraie. Le 23 janvier 1999, il a été brûlé vif avec ses deux petits garçons par des fondamentalistes hindous. On aurait pu craindre un biopic chargé de sermons et de grandes tirades à visée évangélisatrice. Il n’en est rien. Le Prix de la vérité insiste sur l’enquête journalistique basée sur des faits, rien que des faits. Preuve que la foi peut être vécue en actes. Le spectateur suit le cheminement de Manav (interprété par un Sharman Joshi convaincant) jusqu’à ce que le voile se déchire… et laisse éclater le drame, suivi d’un dénouement inattendu. Les images sont parfois difficiles à soutenir mais le film montre concrètement ce que vivre dans les pas du Christ signifie…

Le Prix de la vérité d’Aneesh Daniel (1 h 40).

RÉFORME - 10 mai 2023

Cinéma : Le Prix de la vérité, beau film sur la place du christianisme en Inde

Pierre Marcellesi


Dire que le cinéma indien est mal distribué en France est un euphémisme. Surprenant, quand on sait que l’Inde est le premier producteur de films au monde. Sans doute n’avons-nous pas, en Occident, tous les codes culturels pour savoir apprécier ces œuvres. Néanmoins, celle dont il va être question dans les lignes suivantes est des plus accessibles.

Coproduction indienne et américaine sortie en 2019 dans ses deux pays d’origine, Le Prix de la vérité, réalisé par Aneesh Daniel, aura attendu 2023 pour débarquer sur les écrans français... dans un nombre de salles très limité. Un scandale pour un film politique d’une telle ampleur, qui questionne la place du christianisme en Inde. Cette sortie en France, nous la devons au distributeur Saje, spécialisé dans la diffusion d’œuvres chrétiennes.

Le Prix de la Vérité revient sur l’assassinat, en janvier 1999, du missionnaire australien Graham Staines et de ses deux fils âgés de six et dix ans, brûlés vifs dans leur voiture alors qu’ils dormaient paisiblement, par une cinquantaine de nationalistes hindous.

Le récit suit Manav Banerjee, un jeune journaliste indien venu dans l’État d’Orissa (rebaptisé Odisha en 2011) afin de tenter sa chance dans la presse locale. Le rédacteur en chef d’Orissa Times lui demande alors de faire ses preuves et, pour cela, d’enquêter sur le pasteur évangéliste Graham Staines, soupçonné d’acheter la conversion des populations les plus pauvres de la région – une pratique tout bonnement illégale, passible d’emprisonnement.

D’abord méfiant à l’égard de Staines, suspicieux même, Banerjee échange peu à peu avec lui et découvre un homme pieux, foncièrement désintéressé. Un homme qui, depuis trente ans, recueille et soigne, aux côtés de son épouse Gladys, les malades de la peste, largement ostracisés par l’ensemble de la société.

Ébranlé dans ses convictions, le journaliste se trouve alors face à un dilemme : répondre aux attentes de son rédacteur en chef et assurer ainsi son avenir professionnel au risque de mettre le feu aux poudres ou bien défendre la vérité…

Au-delà de l’horreur du fait divers, le réalisateur chrétien Aneesh Daniel brasse plusieurs sujets majeurs. Tout d’abord, les limites de l’expansionnisme messianique, perçu chez certains hindous comme une menace pour l’identité culturelle indienne. Une crainte que l’on peut aisément comprendre – et qui n’est pas sans rappeler le film Silence de Martin Scorsese sur le sort peu enviable des jésuites dans le Japon du XVIIe siècle.

Second sujet majeur qu’aborde le cinéaste : la laïcité, système bancal instauré en 1947 lors de la partition entre l’Inde et le Pakistan. Si le « pays des purs » fut conçu comme un État musulman, l’Inde a fait le choix contraire d’un État neutre sur le plan religieux afin de permettre la cohabitation de toutes les confessions. Un choix ambigu dans la mesure où la définition de la laïcité varie en fonction de l’individu : neutralité totale ou approche positive vis-à-vis de toute religion. Il semble que la seconde définition entraîne inévitablement la guerre des prosélytes, tous bords confondus. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la démographie qui a le fin mot de l’histoire, et les hindous en prennent peu à peu conscience. La laïcité apparaît dès lors comme une notion utopique, dépassée, propre au XXe siècle…

Quoi qu’il en soit, si le film d’Aneesh Daniel reste en surface de ces sujets pour des raisons évidentes, il ne peut que nous sensibiliser, en tant qu’Européens, au statut des minorités chrétiennes en Inde. Linéaire, bien construit, poignant, son récit se laisse toutefois aller à quelques facilités mélodramatiques que l’on pardonne volontiers, compte tenu du sujet. Soulignons la prestation convaincante des deux acteurs principaux, Sharman Joshi et Stephen Baldwin.

Boulevard Voltaire - le 19 mai 2023

Article Wikipedia consacré à Graham Staines

Article Wikipedia consacré au film LE PRIX DE LA VÉRITÉ

Le producteur SAJE

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