Quelques figures protestantes… et oubliées de la Résistance



Ils ont sauvé des enfants juifs, fourni de faux papiers, organisé des passages en zone libre ou à l’étranger. Leur engagement leur a parfois coûté la vie, mais leur nom s’est perdu dans les remous de l’histoire. Réforme rend hommage à ces protestants résistants injustement méconnus – en particulier des femmes ! – dont la liste n’est pas close.

Yvonne Kocher (date de naissance inconnue -1945) 

Surnommée « le sourire de Ravensbrück ».

Pasteur Olivès (1913-1999) 

Il fonde le maquis de Soureillade.

Gaëtane Bouffay (1906-1988) 

Elle dirige le réseau normand Jean-Marie Buckmaster.

Elizabeth Dussauze (1914-1983) 

Une femme brillante, polyglotte et engagée.

Germaine Mühlethaler (1916-2013) 

Elle aide des Juifs et des résistants à s’évader.

ANNA ET JEAN ZURCHER

(1920-2017 et 1918-2003) Un couple de passeurs

MARCELLE GUILLEMOT

(1907-1960) Elle cache des enfants juifs

YVES CRESPIN

(1906-1944) Arrêté, torturé, déporté, le pasteur n’a livré aucune information sur ses camarades

YVONNE ODDON

(1902-1982) Elle résiste comme Marie Durand

LOUISE FOULON-ROPARS

(1915-1969) Elle soigne résistants et étudiants

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MIREILLE PHILIP, AUTRE FIGURE DE LA RÉSISTANCE

L'historien Patrick Cabanel publie une biographie de Mireille Philip, résistante qui a utilisé des réseaux protestants pour sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Comme l’écrit l’historien Patrick Cabanel dans son avant-propos, les biographies de femmes sont difficiles à écrire car « on sait trop peu de choses d’elle ». « Biais trop commun qui fait qu’une femme retient l’attention de par l’homme ou les hommes dont elle a partagé ou élevé la vie. » Tout à son honneur, Patrick Cabanel rectifie le tir, en s’intéressant au parcours de Mireille Philip. Dans ce court ouvrage parfaitement documenté, il compile les quelques éléments biographiques retrouvés dans les témoignages familiaux ou amicaux, ainsi que dans les services d’archives. On y découvre ainsi que Mireille Cooleman tient son nom du second mari de sa mère, le pasteur Jérémie Cooleman, très engagé dans le mouvement du christianisme social. Mireille d’abord institutrice pendant trois ans dans un village alsacien entame des études de philosophie à l’université où elle rencontre André Philip, étudiant en droit. Ils se marient en 1924. Pendant la guerre, la famille s’installe au Chambon-sur-Lignon pour l’année 1940-1941. André, recherché pour son investissement politique, part pour l’Angleterre rejoindre le général de Gaulle. Mireille devient Pasquier dans la Résistance. Ces deux années de 1942-1944 lui valent le titre de Juste parmi les nations.

Selon les témoignages de ses fils, elle a toujours refusé de témoigner de ces actions de sauvetage et de résistance, sous le motif « on a fait ce qu’on avait à faire ». Heureusement, quelques témoignages racontent certains épisodes. Par exemple, elle passe la frontière déguisée en cheminot. Proche des réseaux de la Cimade, Mireille va utiliser ses connexions protestantes du Chambon et chrétienne à Lyon pour organiser une filière de sauvetage vers la Suisse. Elle distribue des faux papiers, demande du soutien à des éclaireurs comme passeurs pour des groupes. Le récit que relate l’historien est passionnant, même si parfois émaillé de faits méconnus pour certaines périodes non documentées. Il plonge le lecteur dans les réseaux clandestins de la Résistance.

Patrick Cabanel, Mireille Philip, passeuse de frontières, Ampelos, 2023, 94 p., 10 €.

Sur RÉFORME, le 16 décembre 2020 - RÉFORME - le 9 juin 2023

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