Patrick DESBOIS en appelle à l’éducation et à la résistance

Patrick Desbois, prêtre, expert des crimes de masse, de la Shoah aux Yézidis, en appelle à l’éducation et à la résistance.

…. La résistance s’apprend. … L’esprit de résistance s’acquiert, sinon on va à la catastrophe avec des discours de salon. Il faut former les jeunes d’aujourd’hui à résister. Les jeunes ont compris par exemple que le changement climatique n’était pas uniquement une histoire de fonte des glaces aux pôles mais que c’était global. Mais avec le terrorisme, des jeunes sauront peut-être tout sur le Bataclan ou l’attentat de Nice mais rien du tout sur ce qui se passe à Kaboul ou au Sahel. Or, comme on ne comprend pas que ce phénomène est mondial, c’est difficile de se mobiliser. Les musulmans, face à Daech, n’ont pas besoin qu’on leur enseigne ce qu’est l’islamisme radical puisqu’ils en sont les premières victimes. Mais nous, ici, il faut qu’on dépasse notre vision hexagonale et qu’on cesse de croire que le terrorisme et les génocides sont l’affaire des armées, des services de renseignement et de la police.

Que peut-on faire, concrètement ?

Amplifier d’abord la connaissance de cette actualité et de ce phénomène par le biais d’une instruction civique.

Apprendre en classe qu’Al-Qaida et Daech sont des organisations criminelles de masse, et d’abord criminelles contre les musulmans, est nécessaire sans que ça porte atteinte à la cohésion française.

L’être humain s’acclimate plus facilement à la barbarie quand il sait qu’il ne sera pas concerné. C’est pour ça que l’éducation est majeure. Et le devoir de mémoire, dans sa complexité, aussi.

LE JOURNAL DU DIMANCHE - le 20 décembre 2020

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