Résister aux régimes toxiques et ne pas esquiver la lutte contre les autoritarismes

Alexeï Navalny est ce dissident russe emprisonné actuellement en raison de son engagement en faveur de la démocratie. Il n’a pas cessé d’être inquiété pour ses convictions et il croupit actuellement dans une cellule d’isolement au fond d’une geôle russe.


David Roher lui a consacré un documentaire primé par Hollywood (il a reçu un oscar) et diffusé par CNN.  Il porte sur le combat pacifique et  démocratique qu'Alexei Navalny ne cesse de mener. David Roher le tient comme un modèle de résistance et de lutte contre toutes les formes de totalitarisme.

Il est important, aujourd’hui comme jamais, de résister à la résurgence de l’autoritarisme et de ne pas esquiver la lutte contre l’autoritarisme, là où il se manifeste dans le monde.

« Il est hors de question de détourner le regard et d’esquiver le combat contre l’autoritarisme. »

Alexei Navalny faut-il le prendre comme un modèle de résistance à l'oppression, un résistant dans l’âme, exemplaire à plus d’un titre ?


Alexei Navalny est un avocat, militant politique et blogueur russe connu pour son opposition au gouvernement russe et à Vladimir Poutine en particulier. Il a également été emprisonné à plusieurs reprises pour ses activités politiques.

Il est considéré comme un modèle de résistance à l'oppression en Russie et dans le monde entier en raison de son courage, de sa détermination et de sa capacité à mobiliser les gens contre un régime autoritaire. Il a lancé des campagnes de lutte contre la corruption au sein du gouvernement russe, en utilisant notamment les réseaux sociaux et Internet pour diffuser ses messages.

De nombreux observateurs considèrent qu'Alexei Navalny est un résistant dans l'âme, car il a fait preuve d'une grande résilience face à l'oppression et à la répression de l'État russe. Il a été arrêté à plusieurs reprises, emprisonné, attaqué physiquement et même empoisonné avec un agent neurotoxique. Malgré ces difficultés, il a continué à se battre pour ses convictions et pour défendre les droits de l'homme et la démocratie en Russie.

En 2021, il a été condamné à neuf ans de prison supplémentaires 5. Il est considéré comme un symbole de l'opposition à Vladimir Poutine 6.

5. lemonde.fr

6. francetvinfo.fr


Ce que Navalny représente, et ce pourquoi il se trouve en prison en ce moment, ne se réduit pas à la Russie, mais concerne bien le monde entier.

David Roher relaie d’autant plus volontiers le combat que mène Alexei Navalny en raison de sa judaïté et de ses attaches bibliques. Il ne s’en cache pas au Times de Jérusalem.

« Les valeurs de justice sociale au coeur du judaïsme qui est le mien influencent clairement mon travail. Mon grand-père était un survivant d’Auschwitz. Je pense que cet aspect de l’histoire de ma famille et la destruction de tant de familles ont un impact sur le genre de films que je souhaite faire et les sujets que j’aimerais traiter. À l’évidence, la lutte contre l’autoritarisme et ce que Navalny incarne représentent beaucoup pour moi : tout ceci était très présent lors du tournage du film. »

Navalny raconte une anecdote, dans le film, qu’il appelle « Moscou 4 ». Il y dit en substance que même les dictateurs ou les régimes dits sophistiqués font des erreurs stupides [dont il est possible de profiter]. C’est un message encourageant pour ceux qui résistent.

Ce que veut dire Navalny, c’est que chaque individu a sa part de responsabilité lorsqu’il s’agit de s’attaquer à un tyran comme Poutine. Il est très clair là-dessus. Son rêve est de faire naitre une tradition démocratique dans son pays, ce qui implique de parler à tout le monde et de faire le maximum pour mobiliser tout le monde.

La démocratie est un exercice difficile : pour la construire, on ne peut pas se contenter de parler avec les gens avec lesquels on est déjà d’accord. Il faut parler à tout le monde. C’est un message très difficile et les gens ont du mal avec, mais je pense que c’est une valeur fondamentale d’Alexei.


Avez-vous l’impression d’avoir tiré des leçons sur la résistance à l’autoritarisme ? Quelles pourraient-elles être ?

À titre personnel, je ne prends rien pour acquis. Il est très facile de tenir pour acquises les valeurs et vertus avec lesquelles nous [Canadiens et Américains] avons grandi. Il faut se garder de les considérer comme des acquis, et au contraire apprécier la démocratie et prendre conscience que l’érosion démocratique peut se faire par petites touches impressionnistes, qui peuvent facilement passer inaperçues. Je crois que tout le monde doit contribuer au débat public. Par de petites actions, comme le vote, ou des actions plus importantes…

Vous avez parlé de la manière dont Navalny utilisait l’humour comme tactique de résistance.

Je crois que l’une des compétences majeures de Navalny est sa maîtrise des médias et sa capacité à tirer parti des réseaux sociaux contemporains pour diffuser son message politique : YouTube, Instagram, Twitter. Ce que j’apprécie vraiment en tant que Juif, c’est sa capacité à utiliser l’humour comme une arme. Navalny incarne à la perfection cette qualité, à mes yeux on ne peut plus juive, qui permet de transformer les pires traumatismes et difficultés en humour et en rires. Je suis persuadé que c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il est tellement suivi. Il ne se contente pas de mener ces enquêtes sèches sur la corruption. Il y apporte cet aspect décalé qui est nouveau, rafraîchissant et motivant.

Je pense que le film a du succès parce qu’il y a aussi cette part de comédie. L’histoire est évidemment très intense, mais on ne peut s’empêcher de rire parce qu’il est vraiment très drôle, et qu’il vous donne quelque part la permission de le faire. Cela me fait penser à tous ces gens que je connais, qui ont traversé de dures épreuves. Cela me rappelle particulièrement mon grand-père. On peut en rire ou en pleurer, alors autant en rire. Je pense que c’est ce que Navalny pense.

THE TIMES DE JÉRUSALEM - LE 28 MARS 2023 Extraits

Incarcéré dans l’une des prisons les plus sévères du pays, une « colonie pénitentiaire », à cent kilomètres au Nord-Est de Moscou, Alexeï Navalny, le détenu le plus célèbre de Russie, semble neutralisé par le maître du Kremlin.

Pourtant, le mouvement politique du coriace adversaire de Poutine tente de se reconstruire après la vague d’arrestations des dernières semaines. Parmi les 10.000 personnes arrêtées à travers tout le pays, Anastasia Pantchenko, emprisonnée à Krasnodar, dans le Sud de la Russie. La ville d’un million d’habitants est aussi la capitale administrative d’une région bordée par les rives de la Mer Noire.

C’est là que Vladimir Poutine aurait fait construire un palais pharaonique, dont l’existence a été révélée par Navalny avant son départ d’Allemagne pour Moscou où il a été arrêté.

Vladimir Vasak et Elizaveta Zamyslova ont suivi la jeune dirigeante du mouvement Navalny à Krasnodar. Impressionnante de détermination, « Nastia » a décidé de se battre aux côtés des jeunes militants qui ont grandi sous le régime Poutine. En emprisonnant son principal opposant et en réprimant les manifestations, le Kremlin a construit une alternative politique en Russie.

https://youtu.be/VWHpJLDCl74


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