Inde: Graham Staines, missionnaire témoin et martyr avec ses deux fils (1999)

Avec la sortie du film LE PRIX DE LA VÉRITÉ avec Aneesh Daniel comme réalisateur le 10 mai 2023, l’histoire de ce témoin de Jésus revient à la une.

Sans discontinuer, Graham Staines a témoigné de la grâce de Dieu au sein des personnes les plus vulnérables et méprisées de l’Inde dans l’État de l’Orissa malgré l’opposition grandissante de fanatiques hindous. Un jour de 1999 est survenu un drame : et lui et ses deux jeunes fils en tournée avec lui dans les villages reculés finissent brûlés vifs dans leur voiture. Ils sont morts en raison de leur dévouement et amour pour les autres.

Le 10 mai 2023 sort en France le film LE PRIX DE LA VÉRITÉ qui rapporte sous forme d’un biopic le parcours exemplaire de Graham Staines, témoin du Christ  jusqu’au bout, au prix du martyr.

« Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés, qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Pensez à la façon dont ils ont vécu et comment ils sont morts, et imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours. » Hb 12,8 NFC

La famille Staines ©Wikimedia Commons

RETOUR SUR L’HISTOIRE

Dès 1999, nous évoquions à travers EEMNI ce terrible drame qui a affecté cette famille de missionnaires autraliens fauchée de plein fouet par la haine fratricide de fanatiques hindous.

LA DÉPËCHE D’EEMNI

<27.01.99 Un vieux missionnaire en Inde brûlé vif dans sa voiture avec ses fils

Les agressions d'Hindous contre les chrétiens ont atteint leur sommet quand à la date du 23 janvier trente activistes du Bajrang Dal, - groupement de militants d'extrême droite, proche du parti Hindou Bharatiya Janta (BJP)-, ont mis dans la ville de Manoharpur, Orissa/Inde, le feu à la voiture de Graham Stewart Stains, 58 ans; la conséquence en a été la mort du père et de ses deux fils, Philippe; 10 ans et Timothée, 8 ans, qui étaient en train de dormir. Stains, un Méthodiste (selon Radio DSR I) originaire de Beaudesert, Australie, travaillait déjà depuis 34 années avec des malades de la lèpre en Inde et était le Secrétaire de l'"Evangelical Missionary Society", dont le siège est à New Dehli. En rapport avec ces morts, cinq militants hindous ont été incarcérés. Dans le lieu, où ces faits sont survenus, environ un tiers de la population est composée de chrétiens. Les meurtriers avaient bel et bien prémédité leur acte dans le détail. La population du village avait été invitée à ne pas quitter leurs maisons. Les personnes, qui avaient voulu venir en aide aux Stains, ont été abattues sans hésitation. Les victimes se sont vu refuser toute fuite hors de la voiture. Les fils de Stains avaient été en vacances chez leurs parents en Inde et accompagnaient leur père à une rencontre prévue dans l'Eglise de Manoharpur. Selon les déclarations de Gladys Stains, la veuve et la mère des défunts, ils n'ont jamais rencontré le moindre problème depuis qu'ils vivent en Inde. Ni l'Eglise, ni la famille n'avaient pas encore reçu le moindre avertissement. A part Gladys, la fille a aussi survécu. Eux deux ne s'étaient pas joints à ce voyage. En Inde, on dénombre environ 23 millions de chrétiens, pas moins de 3% de la population; ils vivent en grande partie dans le Sud de l'Etat, où rares sont les violences perpétrées contre les chrétiens. L'agression mortelle eut lieu à l'Est du pays.

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Le drame

Le 23 janvier 1999, Graham Staines, un missionnaire chrétien australien, et ses deux fils ont été brûlés vifs dans leur voiture par un groupe fondamentaliste hindou dans le district de Keonjhar, en Orissa. 

La suite de l’histoire

En 2003, l’activiste du Bajrang Dal, Dara Singh, a été reconnu coupable du meurtre et condamné à la prison à vie. Cependant, peu après la condamnation, la veuve de Staines, Gladys, a publié une déclaration exprimant qu’elle avait pardonné aux assassins de son mari, qu’elle n’avait aucune amertume envers eux et qu’elle espérait qu’ils se repentiraient. Elle a continué à vivre en Inde, s'occupant des malades de la lèpre jusqu'en 2004, date à laquelle elle est rentrée en Australie. Christianity Today l’a décrit comme "la chrétienne la plus connue en Inde après Mère Teresa". 

L'année suivante, elle a reçu le Padma Shri, une décoration civile attribuée par le gouvernement indien à ceux qui se sont distingués dans divers domaines. Grâce aux contributions obtenues par ce prix, Gladys Staines a transformé la léproserie où elle a servi en un hôpital complet, baptisé Graham Staines Memorial Hospital, en 2004. En novembre 2015, Gladys Staines a reçu le Prix commémoratif Mère Teresa pour la justice sociale. Après avoir reçu ce prix, elle a déclaré : "Je remercie Dieu pour son aide qui m'a permis de continuer à soigner les lépreux, même après l'assassinat de mon mari." 


Inde: 20 ans après l’assassinat des Staines, le bilan

LA SITUATION EST PLUS GRAVE ET INQUIÉTANTE QUE JAMAIS EN INDE

20 ans après l’assassinat de Graham Staines, la situation en Inde ne s’est pas améliorée. Pire, ce pays est pour la première fois à la 10e place de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens.

Espérance éphémère

20 ans jour pour jour après ce triple meurtre, le 5e plus grand État du pays annonce que les fausses accusations de conversions forcées à l’encontre des minorités religieuses seront effacées. Le symbole est d’autant plus fort que Graham Stains avait été accusé de convertir de force des hindous, des propos absolument démentis par son épouse et qui ont suscité, à l’époque l’indignation et la levée de bouclier de nombreux médias.

12 500 chrétiens attaqués

Cette annonce aux airs réparateurs ne voilerait-elle pas une réalité beaucoup plus sombre? L’Inde est pour la première fois située à la 10e position de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens. Un classement qui recense les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés en raison de leur foi.

Portes Ouvertes a donc lancé la campagne Impact Inde afin que l’aide apportée à l’Église persécutée dans ce pays soit doublée au travers de ses partenaires.


Comment les chrétiens sont-ils persécutés ? 

Diffamation

2020: propos scandaleux d’un député sur Graham Staines 

Le 21 septembre 2020, dans le cadre  d’un débat sur le projet de loi modifiant le règlement sur les contributions étrangères, Satya Pal Singh a en effet accusé le missionnaire d’avoir molesté 30 filles appartenant à des tribus locales et de les avoir converties de force au christianisme. Ce serait selon lui la raison principale de son assassinat.

Les allégations du député du parti nationaliste hindou BJP (au pouvoir) servent de justification pour des amendements à la loi sur la base que les conversions forcées sont toujours perpétrées par des missionnaires chrétiens. Les propos «blessent la mémoire d’une personne qui a donné ses meilleures années au service de cette nation particulièrement de ses marginalisés», indique l'Alliance évangélique indienne (Evangelical Fellowship of India - EFI)  qui a officiellement demandé au président de la chambre basse du Parlement de retirer les propos diffamatoires tenus à l’encontre de Graham Staines.

Pour l’EFI, Les propos «scandaleux» de Satya Pal Singh représentent «un abus de démocratie parlementaire». «Ces remarques entachent la vie exceptionnelle de service social d’un homme décédé, 21 ans après sa mort, par ouï-dire et insinuations.»

Les lois anticonversion

Les lois anticonversion : les partisans de l’Hindutva diffusent le mythe que les chrétiens et les musulmans convertiraient de force (par le mariage ou contre de l’argent ou des produits de première nécessité) les hindous, menaçant l’hindouïté de l’Inde. En réponse à ce mythe répandu, 11 États ont déjà adopté des lois anticonversion : Odisha (1967), Madhya Pradesh (1968), Arunachal Pradesh (1978), Chhattisgarh (2000), Gujarat (2003), Himachal Pradesh (2006), Jharkhand (2017), Uttarakhand (2018), Uttar Pradesh (2020), Karnataka (2021) et Haryana (2022). Le Président de la Commission législative de l’État de l’Uttar Pradesh a lui-même reconnu, lors de la présentation du projet de loi, qu’il « n’existait aucune donnée » rapportant des conversions forcées, mais qu’il ne restait pas moins préoccupé par le sujet. À quelques nuances près, toutes ces lois stipulent que : « personne ne doit convertir ou tenter de convertir quiconque d’une religion à une autre, directement ou non, par la contrainte, la tromperie ou par des moyens frauduleux ». L’ambiguïté et le flou de ces lois entraînent une augmentation de la violence contre les minorités (climat d’impunité), une multiplication des arrestations (sans finalement de condamnation), et des restrictions abusives de la liberté religieuse : interdiction des activités humanitaires des églises, interruption des cérémonies religieuses ou des réunions de prières... Notons que, dans certains États, ces lois sont ouvertement discriminatoires car elles ne s’appliquent pas aux conversion à l’hindouisme. En mars 2022, Haryana devient le 11ème État à voter une loi anticonversion. 

Discours de haine et désinformation

La désinformation et les discours appelant à la violence : un rapport de la London School of Economics éclaire sur l’influence de la désinformation en ligne et des discours de haine sur la violence à l’encontre des minorités religieuses. Par exemple, pendant la crise de la Covid-19, les minorités religieuses étaient accusées de diffuser volontairement la maladie aux hindous. De nombreuses personnalités politiques de premier plan se livrent à des discours de haine : « Nous débarrasserons notre pays de tous les ‘infiltrés’ : ne resteront que les bouddhistes, les hindous et les sikhs », a ainsi déclaré publiquement le président du BJP Amit Shah, lors d’un meeting de campagne à Darjeeling en 2019. Quant aux militants de l’Hindutva, ils se filment en train d’agresser les minorités religieuses et diffusent leurs exactions sur les réseaux sociaux, en se présentant comme de courageux nationalistes hindous prêts à tout pour sauvegarder l’hindouisme. La police ne punit généralement pas les coupables, les médias reprennent la version des agresseurs et les chrétiens et les musulmans des zones rurales vivent de plus en plus dans la peur. Le 1er octobre 2021, dans le cadre d’une manifestation géante intitulée « stop à la conversion forcée » dans l’État de Chhatisgarh, Swami Parmatmanand, chef de file des hindous extrémistes, a pris la parole : « Décapitez ces convertis ! S’ils viennent chez vous, dans votre rue, dans votre quartier, dans votre village, n’ayez aucune pitié ! » 

Les campagnes de Ghar Wapsi : signifiant
« retour à la maison », il s’agit de campagnes très violentes de reconversion à l’hindouisme, touchant beaucoup les zones rurales des États centraux de l’Inde. En janvier 2016, Praveen Togadia, président en exercice du Vishva Hindu Parishad (Conseil Mondial Hindou) affirme que l’organisation a reconverti à l’hindouisme plus de 500 000 chrétiens et 250 000 musulmans ces 10 dernières années grâce à son programme de Ghar Wapsi. Les campagnes suivent cinq étapes : 

1. Chasser les responsables chrétiens, prêtres ou pasteurs
2. Ostraciser les chrétiens, boycotter leurs magasins 3. Affaiblir par la violence 

4. Reconvertir par un prêtre hindou qui se rend dans le village
5. Forcer les récalcitrants, en les obligeant à se prosterner devant les dieux hindous, à boire de l’urine de vache, à se raser les sourcils... (rites de reconversion) 

Les discriminations quotidiennes : L’État considère les dalits chrétiens et musulmans comme étant sortis du système des castes et ayant accès à d’autres formes de ressources économiques. Il leur enlève donc le droit de bénéficier des actions 

EEMNI

Tiré du dossier pédagogique édité par SAJE

un article de PORTES OUVERTES

Evangéliques.info 29 Sep 2020

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