2019

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Nous ferons un clin d’oeil à des figures contemporaines entrées en résistance, de Carola Rackete, pilote de navire venue au secours de migrants en Mer Méditerranée à Olivier Giraud, chamion du monde de football, assez courageux pour faire savoir son souci de fidélité au Christ.

Carola Rackete en première ligne pour sauver des migrants

Symbole d'humanité

Carola Rackete, figure  de résistance

«Avant, personne n'aurait jugé "radical" de sauver quelqu'un en train de se noyer»

Carola Rackete, la capitaine de bateau humanitaire, a désobéi aux autorités italiennes.

Véronique juge que Carola Rackete a «sauvé l’honneur» «Ce bateau secourt des gens qui meurent en mer et que l’Union européenne a fait le choix d’abandonner. Il y a quelques années, c’est l’Europe qui avait la mission de conduire les sauvetages en mer mais on a abandonné ça à la Libye», déplore-t-elle. «Il faut absolument dire qu’on est pas d’accord», conclut cette avocate.

Pour Malika, infirmière, «cette arrestation est complètement inhumaine. Les lois européennes pour éviter que les gens viennent sont illégales au regard du droit international. Elles provoquent des morts. C’est effrayant». Anaïs, salariée de Médecins sans frontières : «La décision de ne pas se plier à des lois qui ne respectent pas les fondamentaux des droits humains, oser désobéir, j’ai trouvé ça très courageux. C’est une figure de résistance».

Libération 190704

Un portrait de Carola Rackete dans le magazine CAUSETTE du 30/09/20

Capture d’écran 2020-09-30 à 19.00.22

En juin 2019, la jeune capitaine allemande du Sea-Watch 3 force l'entrée du port de Lampedusa, en Italie, pour y débarquer une quarantaine de migrant·es secouru·es en mer. Adulée par les uns, détestée par les autres, cette scientifique et activiste publie un livre, // est temps d'agir, dans lequel elle prône la désobéissance civile. Convaincue que voter ne suffit plus pour faire changer les choses.

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Se désoler, manifester, voter pour un parti ne suffit plus, affirme-t-elle. «Il faut se battre. Il faut que les choses changent. Il faut agir. C’est impossible de faire changer les choses seulement par le vote. J’appelle à une forme d’insurrec­tion pacifique, de désobéissance civile non violente,  parce quesi vous usez de la violence, que vous reste-t-il après comme moyen d'action ? Mais on a voté tant de fois, signé tant de pétitions, manifesté tant de fois et pour quoi au final ? Les suffragettes n'ont pas fait changer le droit de vote des femmes par le vote ! Rosa Parks, Martin Luther King n'ont pas lutté pour les droits civiques par levote! Nous devons nous inspirer du mouvement pour les droits civiques américains pour convaincre les entreprises et les États de changer radicalement les choses maintenant ! »

Retrouvez le document complet à cette adresse

Coup de chapeau à SOS MÉDITERRANÉE qui en cinq ans d’existence a contribué à sauver 7147 enfants de la noyage en Mer Méditerranée. Une forme de résistance exemplaire aujourd’hui.


Olivier Giroud

Dans un entretien accordé à TF1, Olivier Giroud, champion du monde, 3e meilleur buteur français de l’histoire, s'est confié sur sa foi et expliqué pourquoi il s'adresse parfois à Jésus pendant les matchs. L'attaquant des Bleus a indiqué s’être même fait tatouer sur son bras un texte biblique, le psaume 23 en latin :  « Dominus Regit Me Et Nihil Mihi Deerit » (« Le Seigneur est mon berger, Rien ne saurait me manquer »). « J'ai grandi avec les valeurs chrétiennes et je me suis toujours senti en sécurité en m'y conformant. Ces mots gravés sur mon bras me rassurent, je sais que si j'ai besoin de quoi que ce soit, d'une aide, je peux prier ».

Enfin, il est à la une du magazine « Jésus ! » (septembre 2019). Un champion du monde comme rédacteur en chef. Pour son troisième numéro, le magazine Jésus !, a convaincu Olivier Giroud, l’avant-centre de l’équipe de France de football. 

Unis contre la PMA

Catholiques et évangéliques ont manifesté contre l’ouverture de la procréation médicalement assistée

Frank Meyer, président du CPDH

“Nous partons de ce qui nous rassemble, avec la volonté de mettre en place une résistance déterminée et non-violente. Il nous faut donner un signal au Parlement et au président de la République.”

“Cette résistance, je la crois inscrite dans notre service et notre soumission à Dieu. Nous sommes, protestants et protestants évangéliques, extrêmement sensibles à la liberté de conscience, à la fraternité et à la protection des plus faibles – une valeur chrétienne s’il en est.”

“Il faut avoir un rôle de témoin et c’est ce rôle que joue cette marche”.

Françoise Caron, présidente des AFP

“On peut grandir, et bien grandir, sans père. Mais il y a déjà assez d’accidents de la vie auxquels on doit s’adapter. Légiférer et concevoir un enfant en gommant d’emblée la place paternelle n’est pas digne d’une société qui défend la cause de l’enfant, des plus fragiles et des plus faibles. C’est un non-sens”.

Cité par RÉFORME du 191010

Frank Meyer, président du CPDH : pourquoi il faut résister - notre résistance  aux choix de société déshumanisants

Franck Meyer est Président du Comité Protestant Évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH). Il est également maire de sa commune à Sotteville-sous-le- Val (Seine-Maritime) et porte-parole du Collectif des maires pour l’enfance.

Visitant un jour le camp des Milles, à proximité d’Aix-en-Provence, je parcourais en quelques heures l’histoire des idéologies antisémites, eugénistes (vouloir des êtres humains parfaits) et sélectives (« l’euthanasie » des enfants handicapés ou bien les stérilisations forcées) qui conduisirent l’Europe dans le chaos épouvantable de la seconde guerre mondiale. « Vivant la même apathie que des millions d’autres individus, je laissais venir les choses. Elles vinrent »[1]. Ces mots de Sébastien Haffner, jeune magistrat allemand dans les années 1930, percutent et blessent mon esprit. Comment aurait-il fallu agir ? En un mot : RESISTER.

Dans un ouvrage publié sous la direction d’Alain Chouraqui (Pour résister, les repères de l’expérience, éditions « Cherche midi »), directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), nous lisons que « l’histoire a montré tragiquement que tenter de résoudre les difficultés sociétales par un « ciment » imposé, national, social ou religieux ne fait qu’aviver les tensions, en nourrissant une spirale d’enfermement, d’intolérances, de réactions et souvent de violences »[2]. L’ouvrage décrit alors trois étapes qui jalonnent le glissement vers toutes les barbaries. Les voici.

« La première étape de cet engrenage vers le pire s’enclenche dans un contexte de déstabilisation sociétale. Des crises sociales, économiques ou morales affectent la société et entrainent une peur de l’avenir, une perte de repères »[3]. C’est une étape durant laquelle s’exerce la manipulation du langage : « une des armes utilisées par les minorités agissantes pour répandre leurs idées est la manipulation du discours ». Les mensonges s’imposent progressivement et ceux qui ne font aucun mal sont accusés d’être la source du mal. Les contresens et les contradictions sont fréquents. « Quand les mots deviennent fous, les hommes deviennent fous »[4].« La deuxième étape est franchie quand une minorité accède au pouvoir par la force ou par les urnes (…). On voit se mettre en place une législation contraire aux libertés conduisant la puissance publique à alimenter voire accélérer le processus vers le pire. Le régime devient alors autoritaire, voire totalitaire. La violence devient une violence d’Etat »[5]. Quels en sont les signes ? Institutions confisquées (elles peuvent être consultées mais jamais écoutées), contre-pouvoirs éliminés, médias manipulés, promotion de « nouvelles valeurs », liberté d’expression et de conscience muselée.

Avec la troisième étape, « on assiste non seulement à l’exclusion systématique des personnes ou des groupes cibles voire à l’organisation de crimes de masse, mais également à une extension des persécutions »[6]. Comment cela se traduit-il ? Conformisme accepté ou imposé, insécurité généralisée, peur de s’exprimer, disparition des opposants, déshumanisation, menace permanente.

Cette spirale est-elle inéluctable ? Pour les auteurs, il faut résister : « nous sommes responsables de ce que nous ne faisons pas ». Pour eux les formes de résistance sont multiples et leur convergence est efficace. Plus la résistance est précoce et forte plus elle a de chance d’aboutir. L’effet de groupe, la propension de l’être humain au conformisme peut être contrecarrée. Alain Chouraqui rappelle pour cela l’expérience du psychosociologue Solomon Ash (1951) :un groupe de huit personnes comporte sept complices. On présente à chacun et à tour de rôle des petits cartons sur lesquels figurent des lignes de tailles différentes qu’il faut comparer. Les sept complices donnent des réponses manifestement fausses (c’est évident) et la huitième personne (le « sujet naïf ») est invitée à donner son avis. Dans un tiers des cas cette dernière donne une réponse qu’elle sait fausse mais qui est conforme à l’expression de la majorité. Mais si cet exercice de comparaison est fait alors que l’un des complices s’insurge contre l’avis des autres, alors le conformisme passe de 33% à 5%. Nous pouvons donc soit faire comme les autres ou bien leur montrer le chemin de la vérité.


Cette expérience doit nous encourager. Si Dieu a envoyé ses prophètes, c’est bien pour faire la lumière sur une obscurité que la société ne discernait même plus. « Soumettez-vous donc à Dieu, mais résistez au diable et il fuira loin de vous», affirme l’apôtre Jacques. Notre résistance, humble et dépendante de la grâce de Dieu, sera l’une des raisons de la fuite du diable. Elle encouragera ceux qui ont déjà baissé les bras, ceux qui ne croient plus, ceux qui n’espèrent plus. Mais si nous ne nous levons pas, qui se lèvera ? « Restez vigilants : votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il va dévorer. Résistez-lui avec une foi inébranlable », ce sont là les conseils de l’apôtre Pierre et il s’adresse aux chrétiens de tous les temps et de tous lieux, parce que la résistance est toujours de mise. C’est pourquoi prenons « toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister dans les jours mauvais et tenir ferme après avoir tout mis en œuvre » (Ephésiens 6 v. 13). Ne rien faire c’est laisser faire. Les armes détaillées par l’apôtre Paul sont à la fois défensives et offensives. Ne négligeons pas ce que Dieu nous a donné « afin de pouvoir résister ». Si la résistance n’était pas une nécessité, un chemin inévitable, la grâce de Dieu ne nous aurait pas pourvus en « armes » pour cela !

Franck Meyer

Président du CPDH.

[1] Histoire d’un allemand, souvenirs 1914-1933. Sebastian Haffner (de son vrai nom, Raimund Pretzel)
[2] « Pour résister… à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme ». Alain Chouraqui dir., Cherche-Midi, 2015.
[3] Ibidem, p. 86
[4] Ibidem, p. 164
[5] Ibidem, p. 90
[6] Ibidem, p. 94

Robert Guédignian entre en résistance à sa manière

«Gloria Mundi», Guédiguian haut en colères

Dans son dernier film, le cinéaste marseillais dépeint le désarroi d’une famille modeste éclatée et tiraillée entre les injonctions de réussite individuelle et le besoin de solidarité. Noir et lucide. Libération lui donne la parole le 26 novembre dans ses colonnes.

 «Il n’y a plus d’espace, ni de parti, ni de syndicat où les gens ont envie de se rencontrer avec la conscience d’appartenir à une même communauté d’intérêt. Il en découle une absence de solidarité. La chose la plus tragique est d’avoir perdu le pouvoir que tout cela donne. Non pas le pouvoir que l’on prend sur les autres, mais un pouvoir de résistance, qui peut produire une contre-culture. Certes, il reste des actions par-ci par-là, des associations, des microprojets, des lieux alternatifs, mais ce sont des exceptions. Des lucioles, comme disait Pasolini. Il y a au moins une chose qui s’oppose complètement à ce que je dis dans le film, c’est ce qui se passe en ce moment dans l’hôpital public. Ça m’émeut énormément que tout l’hôpital, toutes catégories confondues, soit réuni pour la même cause. Si je faisais un film sur ce sujet, ce serait un film très réjouissant !»

Autre forme de résistance: le Christianity Today demande la destitution du président Donald Trump

Dans son édition du 19 décembre, le Christianity Today, magazine évangélique américain créé par l’évangéliste Billy Graham, fait preuve d’un courage sans précédent en s’engageant sans ambages sur le terrain politique ; ce faisant, il pose un acte de résistance au pouvoir en place.

Sous la plume de son rédacteur en chef, Mark Galli, il demande la destitution du président Donald Trump suite à sa mise en accusation, événement qu’il estime d’une importance capitale dans l'histoire des Etats-Unis.

Le CT reste d’ordinaire au-dessus de la mêlée et permet dans ses colonnes  aux chrétiens de tous bord politiques de développer leurs arguments, mais dans les circonstances présentes, le magazine sort de sa réserve et prend nettement position, estimant très graves les faits reprochés au président Trump.

« Les faits en l'espèce sont sans ambiguïté: Le président des États-Unis a tenté d'utiliser son pouvoir politique pour contraindre un dirigeant étranger à harceler et à discréditer l'un de ses adversaires politiques. Ce n'est pas seulement une violation de la Constitution; plus important encore, cet acte est profondément immoral ».

CT reproche également au président d’avoir bafoué les règles de l’éthique au sein de son administration. « Avant de les virer, il a embauché un certain nombre de personnes qui sont maintenant des criminels condamnés. Il a lui-même consenti à des actions immorales dans les affaires et dans ses relations avec les femmes, ce dont il reste fier. Son compte Twitter à lui seul avec sa suite habituelle de mensonges, ses interprétations erronées, et ses diffamations-est un exemple presque parfait d'un être humain moralement perdu et confus. »

Aux yeux du CT, le président Trump a abusé de son autorité à des fins personnelles et trahi son serment constitutionnel. Les audiences de mise en accusation ont mis en lumière des lacunes morales chez ce leader qualifié d'être « grossièrement immoral ».

La seule conclusion à tirer de cet accablant constat pour le CT est de réclamer à présent la destitution de ce président, et pour une seule raison, par « loyauté au Créateur des Dix Commandements ». Si ce n’est pas un acte de résistance, c’est quoi ?!!!

Christianity Today du 19 décembre 2019

Acte de résistance de la part de l’Église méthodiste unie de Claremont (UMC Californie), une crèche originale

En ce mois de décembre 2019, l’Église méthodiste unie (UMC - EEM) a l'audace d'épingler l’administration Trump en idenfiant les 5300 enfants de migrants séparés de leurs parents à la Sainte Famille.

Drôle de Noël, drôle de crèche : Jésus, Marie et Joseph traités comme des réfugiés calés et casés dans des cages distinctes pour dénoncer la politique migratoire de l’administration Trump n’hésitant pas à séparer les enfants de leurs parents migrants irréguliers.

Selon Karen Clark Ristine, pasteure de l’église UMC de Claremont, Joseph, Marie et Jésus remplacent les familles anonymes victimes d’une politique migratoire inhumaine, cruelle et scandaleuse : « Nous avons entendu parler de leur sort; nous avons vu comment ces demandeurs d'asile ont été accueillis et traités. Nous voulions que la Sainte Famille se substitue à ces personnes anonymes car elles étaient également des réfugiés. »

Or Jésus a connu très vite avec ses parents le sort de personnes déplacées, puisqu’ils ont dû fuir ensemble l’ire du Roi Hérode, aux dires mêmes de la pasteure : « selon la plupart des interprétations, l'enfant Jésus et ses parents ont dû fuir Jérusalem de peur que le roi Hérode ne fasse abattre le bébé, percevant l'enfant comme une menace pour son règne.

Comme quoi théologie et politique se rejoignent par moments. Le seul propos qui lui compte pourtant, c’est que cette représentation de la nativité déclenche dans le pays et le monde une vague de compassion pour les quelques 5300 enfants séparés de leurs parents migrants alors qu'ils étaient détenus à la frontière sud.

Même si le président Trump en a ordonné la fin de ces mesures inhumaines et scandaleuses durant l’été 2018, suite à l’indignation que ces mesures ont légitimement déclenchées, il n’empêche que le problème de ces enfants séparés de leur parents est loin d’être réglé. La vigilance est de mise.

Sur ce coup, voilà donc une église chrétienne sur le front de la protestation légitime et nécessaire, sur le front de la résistance. Au nom du Christ, qui a donc été, en son temps, lui aussi réfugié et déplacé.

Voir le Los Angeles Times du 8 décembre 2019


Le Pasteur Wang avait critiqué le « culte de César » en Chine avec Xi Jinping. Le résistant écope une peine de 9 années de prison


À la veille de son arrestation en décembre 2018, le pasteur Wang avait publié un manifeste intitulé « Méditations sur la guerre religieuse » dans laquelle il prônait la désobéissance civile et défendait l’idée que le Parti communiste chinois avait institué le « culte de César » en faisant de la politique une religion qui grandit Xi Jinping. Aux yeux du pasteur, une telle idéologie est « moralement incompatible avec la foi chrétienne et avec tous ceux qui chérissent la liberté de l’esprit et de la pensée ».

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